Fil d'Ariane
La 71ème édition du festival de Cannes dévoile ce 19 mai son palmarès et sa palme d'or, avec en lice, parmi les 21 films sélectionnés cette année, deux films iraniens : Trois visages de Jafar Panahi et Everybody Knows d'Asghar Farhadi. La spécialiste du cinéma iranien Agnès de Victor, est l'invitée de notre JT international.
C'est un film d'Asghar Farhadi, Everybody Knows, qui a ouvert la compétition à Cannes cette année, mais l'on retiendra aussi de cette édition 2018 l'absence d'un autre Iranien, Jafar Panahi, réalisateur de Trois Visages. Il n'a pas eu l'autorisation de sortir d'Iran pour assister à la projection de son film au festival.
En parallèle, le centre Pompidou, à Paris, organise jusqu'au 17 juin le Festival du cinéma moderne iranien, avec une rétrospective inédite d'Amir Naderi, grande figure du cinéma moderne iranien, et la projection d'une vingtaine de films signés de 14 autres cinéastes.
Autodidacte amoureux du cinéma, Amir Naderi a commencé avec un autre grand nom du cinéma iranien, Abbas Kiarostami et s'est essayé à tous les genres. Il s'est inspiré essentiellement de Rossellini pour tenter de rendre compte des événements dans son pays, et a largement contribué à faire connaître le cinéma iranien dans le monde.
La singularité du cinéma iranien tient à cette capacité qu'ont eu les différents réalisateurs de réinterpréter le très grand cinéma mondial.
Agnès de Victor, professeure de cinéma
Tout comme Abbas Kiarostami, il est en quelque sorte le père du grand cinéma iranien, avec des films comme Harmonica, Le coureur, Au-revoir l'Ami, La Recherche, tourné pendant la révolution iranienne, La Recherche 2 tourné un an après au début de la guerre Iran et l'Irak... "La singularité de ce cinéma iranien tient à cette capacité qu'ont eu les différents réalisateurs de réinterpréter le très grand cinéma mondial pour en faire, avec leurs propres codes, d'autres explorations", explique Agnès de Victor. Amir Naderi — dont la seule patrie est le cinéma — a aussi beaucoup tourné au Japon, en Italie, à New York, sans jamais hésiter à se mettre en danger.
L'Iran, cependant, continue de restreindre la liberté de filmer, avec une censure toujours très présente et des sanctions visant les cinéastes. Dernier en date visé : Mohammad Rasoulof, sous la menace d’une condamnation pour "propagande contre le régime". En cause, son dernier film, Un homme intègre, primé à Cannes l'an dernier dans la catégorie « Un certain regard ».
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