Laszlo Csatary figurait en tête de la liste des criminels de guerre nazis les plus recherchés établie par le Centre Simon Wiesenthal, spécialisé dans leur traque. Trois jours après son identification par le quotidien britannique The Sun, le 15 juillet 2012, Laszlo Csatary, 97 ans, est arrêté dans la capitale hongroise.
Csatary plaide “non-coupable“ Interrogé par un magistrat militaire sur la base d'un éventuel chef d'accusation de crimes de guerre, Laszlo Csatary a nié être coupable des crimes qu'on lui reproche. L'un de ses arguments de défense est qu'il a « obéi aux ordres", a indiqué le procureur. A la sortie du Tribunal militaire de Budapest, vêtu d'une veste grise et tenant un sac de plastique à la main, Laszlo Csatary semblait en forme et ne paraissait pas ses 97 ans.
"Je n'ai rien fait, partez d'ici" Dimanche 15 juillet 2012, les reporters du quotidien britannique The Sun retrouvent la trace de l'ancien chef de police sur la base des informations fournies par le Centre Simon-Wiesenthal. A son insu, ils le filment en train de vaquer à ses occupations quotidiennes, avant de frapper à sa porte pour le rencontrer. "Je n'ai rien fait, partez d'ici", aurait déclaré le criminel de guerre nazi, avant de claquer la porte au nez des reporters britanniques. Depuis, Laszlo Csatary ne répondait plus aux coups de sonnette. Le criminel de guerre le plus recherché au monde Laszlo Csatay était le chef de la police du ghetto juif de Kosice, d’où 15 700 juifs avaient été en majorité déportés vers le camp d'extermination nazi d'Auschwitz, en Pologne ; les autres ont été assassinés. Depuis avril 2012, il était le criminel de guerre nazi le plus recherché par le Centre Simon-Wiesenthal. Réfugié en son pays Condamné à mort par contumace en 1948 en Tchécoslovaquie, Laszlo Csatay s'était réfugié au Canada, à Montréal et Toronto où, sous une fausse identité, il s’était fait marchand d'art. En 1995, les autorités canadiennes avaient découvert sa véritable identité et il s'était alors enfui en Hongrie. Avant sa fuite, il avait reconnu devant des enquêteurs canadiens sa participation à la déportation de juifs, tout en affirmant que son rôle avait été "limité".
Entretien avec Efraim Zuroff, du Centre Simon Wiesenthal.
Propos recueillis le 17 juillet 2012, peu avant l'arrestation de Laszlo Csatary
Maintenant que Laszlo Csatary est localisé, que va-t-il se passer ? Il y a une différence entre ce qui peut se passer et ce qui va se passer dans les faits. Les autorités hongroises vont-elles le déclarer officiellement suspect, l’interroger et lui retirer son passeport ? C’est une étape essentielle mais, pour l’instant, il ne s’est rien passé. Pourtant, l’identification de Laszlo Csatary ne date pas d’hier. Les autorités hongroises détiennent toutes les informations nécessaires depuis que les leur ai livrées, en septembre 2011. Le problème principal, c’est qu’il n’y a pas de volonté politique de traduire un criminel de guerre âgé devant la justice. Les autorités hongroises se trouveraient en porte-à-faux. Premièrement à cause des crimes qu’il a commis, et qui attireraient l’attention sur les ceux du gouvernement hongrois pendant cette période. Deuxièmement parce qu’il a pu vivre en Hongrie pendant 15 ans sans être inquiété. Les autorités hongroises ne l’avoueront jamais – aucun pays normal ne refuserait de traduire un criminel de guerre nazi devant la justice - mais il y a tant d’autres moyens d’éviter un procès… Comment Laszlo Csatary a-t-il pu échapper aux mailles du filet ? Comme beaucoup de criminels nazis encore en vie, il a été sciemment ignoré par le système judiciaire pendant longtemps parce qu’il ne faisait pas partie des priorités. Voici encore quatre ans de cela, par exemple, l’Allemagne limitait ses recherches aux officiers. A vrai dire, Laszlo Csatary n’est pas le premier sur la liste des criminels de guerre. Il est le premier sur la liste des criminels nazis qui peuvent encore être traduits devant la justice dans les années qui viennent. Ceux dont nous savons qui ils sont, ce qu’ils ont fait et dont nous espérons qu’ils seront jugés, contrairement au chef de la Gestapo Heinrich Müller, par exemple, né en 1900 et disparu sans laisser de traces en mai 1945…Y a-t-il des suspects recherchés en France ?A cet instant, non. Mais tout peut changer demain. Il suffit qu’un jour quelqu’un m’appelle et me donne une information qui s’avèrera fondée. Beaucoup de criminels nazis vivent encore cachés. Notre stratégie pour retrouver leur trace, à ce jour, est de sensibiliser la presse et de proposer une récompense aux personnes susceptibles de nous donner des informations fiables.
Les 4 criminels de guerre nazis les plus recherchés par le Centre Simon Wiesenthal
1) GERHARD SOMMER, Allemagne
Ancien sous-lieutenant de la 16e division SS Reichsfuhrer, il a été condamné en juin 2005 à la prison à perpétuité pour le massacre de 560 civils italiens en 1944 en Toscane. Il fait l'objet d'une enquête en Allemagne, mais aucune charge criminelle n'a été lancée contre lui.
2) VLADIMIR KATRIUK, Canada
Membre d'un bataillon ukrainien, il est accusé d’atrocités en Biélorussie entre 1942 et 1944. Après la guerre, il a émigré au Canada. Déchu de sa nationalité canadienne en 1999, il s’est vu autorisé à demeurer au pays après l’annulation de cette décision.
3) KAROLY ZENTAI, Australie
Ex-soldat hongrois accusé de persécutions et de meurtres de juifs à Budapest en 1944. Réfugié après la guerre en Australie, où il a obtenu la nationalité australienne. En 2005, la Hongrie a demandé son extradition, jusqu'à présent sans succès.
4) SOEREN KAM, Allemagne
Ex-membre de la division blindée SS Viking, il est accusé d'avoir enlevé et tué un journaliste danois en 1943. D'origine danoise, Soeren Kam s'est réfugié en Allemagne où il a obtenu la nationalité allemande. Le Danemark a demandé à deux reprises son extradition qui a été refusée.
Selon le Centre Simon Wiesenthal , les deux principaux de criminels de guerre nazis impunis sont probablement morts : Aribert Heim, médecin à Buchenwald, Sachsenhausen et Mauthausen, est probablement mort au Caire en 1992. Aloïs Brunner, responsable de la déportation vers les camps d'extermination de 90 000 juifs grecs et autrichiens et chef du camp de Drancy, en France, d’où il a fait déporter 25 000 juifs à Auschwitz.