Le discours de Clinton salué : c'était pas gagné!

Image
Le discours de Clinton salué : c'était pas gagné!
Partager4 minutes de lecture
Bill Clinton a enflammé la convention démocrate avec un discours emphatique sur Barack Obama mercredi à Charlotte (Caroline du Nord). L'équipe de campagne a pourtant pris des risques en laissant carte blanche à l'ancien président, dont les relations avec l'actuel candidat à sa réélection n'ont pas toujours été aussi amicales.
Avant que Bill Clinton ne vienne enflammer la convention démocrate de ses talents d'orateur, la presse américaine titrait sur le "danger" pris par le président en fonction de laisser la parole à son prédécesseur. D'autant plus que le discours n'a pas été pré-approuvé par les démocrates. Interrogé sur qui relisait et corrigeait le speech de Clinton, le directeur de campagne de Barack Obama, Jim Messina avait répondu, serein, "Bill Clinton". "Nous avons beaucoup de conversations avec le président Clinton. On est en train d'en faire une montagne. Il va faire un excellent discours" rassurait alors Jim Messina.
Le discours de Clinton salué : c'était pas gagné!
Clint Eastwood à la convention républicaine le 30 août 2012
D'où venait l'inquiétude? Les frasques de Clint Eastwood à la convention républicaine y étaient probablement pour quelque chose. Le réalisateur de Gran Torino, encarté au parti républicain depuis 1952, est encore largement moqué, y compris dans son camp, pour le discours qu'il a adressé à une chaise vide, censée représenter Obama. Les républicains n'avaient pas jugé nécessaire de relire l'inspecteur Harry, tout comme les démocrates ont laissé le champs libre à Bill Clinton. Pourtant, l'ancien président n'a pas toujours brillé par ses talents d'orateurs. A la convention démocrate de 1988, le discours avait marqué les esprits par sa longueur "interminable" selon les médias de l'époque. "Ennuyeux! Ennuyeux!" auraient hurlé les militants. "Les applaudissements les plus chaleureux ont retenti lorsqu'il a prononcé la phrase 'pour conclure'" raillait alors l'agence Associated Press, pour laquelle l'image de Bill Clinton resterait profondément marquée.

“Il y a quelques années, ce mec aurait porté nos sacs!“

Le discours de Clinton salué : c'était pas gagné!
Barack Obama, Hillary et Bill Clinton en Janvier 2011
Ce sont surtout les rapports ambigus que Bill Clinton entretient avec son successeur présidentiel qui auraient pu inquiéter les démocrates. Une petite phrase qu'aurait prononcée Clinton lors de la convention démocrate en 2008, alors qu'il soutenait l'investiture de sa femmes, a été rapportée par le New Yorker. Clinton aurait dit à propos d'Obama "Il y a quelques années, ce mec aurait porté nos sacs". Notre consultant spécialiste des Etats-Unis, Thomas Snegaroff, rappelle que "L'image de Clinton est très très bonne dans la communauté africaine-américaine, au point même que beaucoup d'africains-américains au début de la campagne des primaires en 2008 préféraient Hillary Clinton à Obama. L'écrivain Toni Morrison avait dit de Clinton que c'était le premier président noir-américain." Accuser Bill Clinton de racisme semble dénué de sens. Sans pour autant contester l'authenticité de l'anecdote, Thomas Snegaroff pense qu'il faut interpréter la petite phrase de Clinton différemment : "C'est probablement vrai qu'il y a quelques années, un noir n'aurait jamais pu devenir président, voila ce que ça veut dire."  Dans le même article, le New Yorker estime que le soutien de Bill Clinton à Barack Obama cette année est compliqué par le futur politique d'Hilary Clinton, qui devrait quitter son poste de secrétaire d'Etat après la campagne. "D'une certaine manière, une défaite d'Obama en novembre laisserait Hillary seule leader du parti et la propulserait vers le Bureau ovale beaucoup plus vite" analyse l'auteur de l'article. Même Douglas Brand, l'un des proches conseillers de Bill Clinton, compterait voter pour Romney d'après deux sources anonymes... Pourtant, dans son discours, Bill Clinton a affirmé qu' "Aucun président, aucun président - pas moi-même ni aucun de mes prédécesseurs, personne n'aurait pu réparer les dégâts causés en seulement quatre ans". Il a même remercié Barack Obama d'avoir intégré Hillary Clinton a son gouvernement. Malgré tout, le sujet le plus débattu sur le réseau social Twitter pendant son discours était "#Hillary2016". L'institut Public Policy Polling a même réalisé un sondage dans le New Hampshire pour savoir qui de Joe Biden ou d'Hillary Clinton serait la favorite dans les primaires démocrates de 2016. Pour Thomas Snegaroff, l'idée que l'entourage de Bill Clinton voterait pour les républicains dans l'espoir de voir Hillary Clinton élue présidente en 2016 est "ridicule". "En revanche, ce qui n'est pas n'importe quoi, c'est qu'une victoire d'Obama rend compliquée une victoire d'Hillary. Quand on regarde l'histoire américaine, il y a une alternance qui s'opère au bout de deux mandats presque systématiquement". Par ailleurs, l’élection d'Hillary serait loin d'être acquise : "Il y a beaucoup de républicains, bien meilleurs candidats que Romney qui se sont gardés pour 2016, en considérant que 2012 serait de toute façon perdu face à Obama." Le petit frère de G.W.Bush ou encore Sarah Palin rêvent déjà du Bureau ovale pour 2016.

L'Amérique en marche

La chronique de Thomas Snegaroff sur la campagne américaine à retrouver chaque vendredi sur TV5monde.