Fil d'Ariane
Le 5e Forum de Paris sur la Paix se tient vendredi et samedi. Cette année, le sommet porte sur les moyens de "surmonter la multicrise". Quels sont les enjeux de cette édition ?
Prévenir plutôt que guérir. S'attaquer aux racines des conflits pour réinventer "la coopération internationale" : voilà l'objectif défendu par le président du Forum de Paris sur la paix, Pascal Lamy, qui se tient les 11 et 12 novembre.
"C'est le Forum sur la paix parce que la paix, c'est le produit de circonstances ; la guerre ou la non paix (...) vient de tensions sur le social, le développement, la religion, le climat maintenant", a-t-il déclaré dans un entretien avec l'AFP.
"Quand on voit l'impact du changement climatique sur les populations, c'est évident", souligne-t-il. "L'idée est de remonter aux sources de la non paix". Le Forum s'appuie sur des projets concrets qui doivent s'attaquer aux racines des conflits, selon Pascal Lamy, ancien Commissaire européen et directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce.
L'idée est de répondre à l'incapacité (...) des acteurs classiques, des États, des diplomates à trouver parfois des solutions. Pascal Lamy, président du Forum pour la Paix
ONG, grandes entreprises, villes, grandes institutions, quelque 4000 personnes sont présentes cette année. Le Forum accueille une grande majorité de représentants de la société civile, face à "l'incapacité (...) des acteurs classiques, des États, des diplomates à trouver parfois des solutions", rappelle son président.
Inclusion des femmes arabes dans les processus de paix au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, création d'un indice d'impunité environnemental en Amérique Latine, 60 projets sont soutenus par le Forum cette année.
Forum de Paris sur la Paix : quelle place pour les femmes dans la diplomatie ?
Ils s'additionnent aux 400 projets déjà sélectionnés depuis 2018, quand le Forum de la paix a été créé par Emmanuel Macron lui-même. Dans un contexte diplomatique difficile avec l'Amérique de Donald Trump, le président français souhaitait renouer avec le multilatéralisme et renforcer l'influence française. La rencontre est aussi un enjeu diplomatique pour le chef de l'Etat.
A (re)lire : Forum sur la paix à Paris : un "incubateur" de bonnes idées contre les "égoïsmes nationaux"
On ne va pas se dispenser des États et des diplomates pour trouver des solutions.Pascal Lamy, président du Forum pour la Paix
"On ne va pas se dispenser des États et des diplomates pour trouver des solutions", a nuancé l'ancien Commissaire européen et directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce. Mais il exhorte à exploiter la "réserve d'énergie", la "volonté de coopérer" au sein d'autres acteurs.
Mais tous, n'ont pas répondu à l'appel. Grands absents de la recontre, les dirigeants africains. Ils ne sont que trois cette année à se rendre à Paris. Ils étaient 12 l'année précédente. Les raisons de cette désertion sont inconnues. L'Elysée défend un "agenda diplomatique chargé avec la COP27", rappelle le journal Jeune Afrique. Mais la mise à l'écart des dirigeants africain au dernier sommet de la France-Afrique peut aussi en être l'origine.
Le Forum se tourne cette année vers l'Amérique Latine. Le président argentin Alberto Fernandez ou le président colombien Gustavo Petro seront eux de la partie. La venue du président vénézuélien Nicolas Maduro est particulièrement attendue.
Le seul fait que le président vénézuélien soit venu montre que le Forum de Paris commence à apparaître comme un havre où on peut peut-être se dire des choses qu'on ne se dit pas ailleurs.Pascal Lamy, président du Forum pour la Paix
Objectif des discussions entre Macron et Maduro : pousser le camp Maduro et l'opposition vénézuélienne à relancer le processus de Mexico, au point mort depuis un an. Il s'agirait notamment de s'entendre sur les conditions d'organisation de la prochaine élection présidentielle, théoriquement prévue en 2024.
A (re)voir : Venezuela : "L'opposition reconnaît qu'elle a échoué"
Le seul fait qu'ils soient venus chez nous pour se parler montre que le Forum de Paris commence à apparaître comme un havre où on peut peut-être se dire des choses qu'on ne se dit pas ailleurs", a déclaré le président Pascal Lamy.
En ouverture de session du Forum, la reine de Jordanie Rania al-Yassin, a elle aussi déclaré "une convergence de crises" et exhorté à être ambitieux dans leur résolution. "Notre monde est déséquilibré. Essayer simplement de maintenir une forme de stabilité ne suffit plus. Nous devrions plutôt considérer ce moment comme un bouleversement. Il est temps de changer de paradigme", a-t-elle ajouté.
Quel poids des médias face aux GAFAM ?