Les Japonais adÔÔÔrent le français. Seul souci, ils l'emploient à tort et à travers. Une véritable maltraitance de la grammaire et du vocabulaire, à en faire retourner Molière dans sa tombe. Mais que de drôlerie et de poésie ! Au-dessus d'un manteau dans la vitrine d'une boutique, que peut-on lire ? Un magnifique « glasieux » au lieu de « gracieux ». Que découvre-t-on sur un sachet de sucreries ? Un étonnant « cucu » ! Et sur le cadre d'un vélo, un insolite « fromage » ! Dans un style plus graveleux s'affiche en lettres rouges un joli « derche » sur le dos nu d'un mannequin, ou encore, en toute simplicité, un « petit Bit » sur un paquet de biscuits… Ce sont les charmes du franponais, cette langue qui combine à merveille mots français et kanji (les idéogrammes japonais). « Ca ressemble au français, ça a l'odeur du français, mais ce n'est pas du français », résume Florent Gorges dans son
Anthologie du franponais (édition Omaké Books). Ce Français, marié à une Japonaise, fait de fréquents allers-retours entre Paris et Tokyo et s'amuse depuis une douzaine d'années à collectionner les perles du franponais, qu'il photographie et poste sur
son site. Sa première prise ? Un « petit pet » inscrit sur un sachet de sucre quand un ami tokyoïte lui a servi un café. « Je suis persuadé, explique Florent Gorges, que les Japonais, plus que le sens qu'ils veulent donner à leur marque ou à la devanture, recherchent la touche française. Le côté prestige et noble ! C'est pour cela que l'on trouve du franponais surtout dans des galeries marchandes assez chics, sur les devantures des boulangeries, des cafés et des restaurants » La phonétique est aussi très appréciée ! « Les Japonais, précise le spécialiste, s'amusent à juxtaposer les mots français tout simplement parce que, prononcés à la japonaise, ils sonnent bien. Alors qu'importe les fautes ! Ils ne cherchent pas à les corriger. »