Le G20 de Séoul, en Corée du Sud, s'annonce agité

Les chefs d'États et de gouvernement du groupe des 20 se réunissent à Séoul les 11 et 12 novembre 2010. À quelques heures du cinquième sommet, quelques points d'accords semblent se dégager. Mais les déclarations qui ont précédé la rencontre, indiquent clairement que chaque participant vient avec son propre ordre du jour.
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À chacun sa vérité

Le G20 de Séoul, en Corée du Sud, s'annonce agité
La Banque centrale américaine, la Fed'
QUE VEULENT LES ÉTATS-UNIS ? La réforme du système monétaire est l'une des demandes américaines. Pourtant, Washington a créé un tollé quasi-général la semaine dernière avec l'annonce par la Fed d'une injection de 600 milliards de liquidités dans le système bancaire d'ici mi-2011. Cette injection entraîne au moins une conséquence fâcheuse pour le reste du monde : elle fait baisser la valeur du dollar et, par ricochet, renchérit les exportations des pays européens, de la Chine et des autres pays émergents. Ce point sera donc au cœur de toutes les discussions à Séoul jeudi et vendredi. Ce qui ne devrait pas empêcher les États-Unis de continuer à dénoncer la sous-évaluation du Yuan, la monnaie chinoise. Par ailleurs, depuis quelques jours, Washington réactive un vieux bras de fer : l'accord de libre-échange entre la Corée du Sud et les États-Unis. L'enjeu est important : le pays du Matin-Calme est aussi la quatrième économie asiatique. Sur ce point, l'Union européenne a déjà trouvé un accord avec Séoul début octobre. Celui des Américains, en revanche, a été dénoncé par le gouvernement sud-coréen après les manifestations concernant l'importation de bœuf. Les nouvelles conditions imposées par Séoul n'avaient pas convaincu le Congrès pour une ratification. Des discussions préalables ont démarré et les négociateurs espèrent trouver un terrain d'entente avant la fin du G20.
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La Bundesbank à Frankfort
QUE VEUT L'ALLEMAGNE ? Angela Merkel a annoncé le mardi 9 novembre dans le Financial Times sa volonté de conduire la guerre au protectionnisme. « Nous ne faisons toujours pas assez pour permettre des échanges commerciaux réellement libres », estime la chancelière allemande. Une allusion, peut-être, aux désaccords qui avaient opposé Berlin et Paris début 2009 sur les subventions au secteur automobile. En revanche, Berlin soutient Paris sur sa volonté de réformer le système monétaire international.
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La Banque populaire de Chine
QUE VEUT LA CHINE ? Ces derniers jours, la Chine ne cachait pas son mécontentement contre les injections de liquidités qui s'annoncent aux États-Unis (La Fed prévoit de racheter pour 600 milliards de dollars d'emprunts d'État en huit mois). Le mardi 9 novembre, un vice-gouverneur de la banque centrale chinoise estimait que ces injections massives pourraient « mettre la pression sur les marchés émergents » et « entraîner la formation de bulles d'actifs ». Un autre haut responsable du régime estime même qu'il faudrait encadrer les fluctuations du dollar. Dans ce domaine de la monnaie, la Chine a réussi à retourner les accusations qui lui sont, jusqu'à présent, adressées. La faiblesse du Yuan est fortement critiquée par les Occidentaux. Ces dernières semaines, comme pour appuyer ses critiques à l'égard des États-Unis, Pékin a finalement laissé remonter la valeur de sa monnaie. Sur un autre point, la régulation des déséquilibres commerciaux, la Chine se rapproche de la position américaine. Pékin s'est rallié il y a quelques semaines à la proposition américaine d'instaurer une limite à 4% du PIB pour les excédents et les déficits commerciaux d'un pays [voir encadré sur les points d'accords].
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La banque centrale de Russie à Moscou
QUE VEUT LA RUSSIE ? Comme la Chine, Moscou s'insurge publiquement contre la politique monétaire américaine et plaidera à Séoul pour que les banques centrales - y compris la Fed - consultent leurs partenaires avant toute décision importante.
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La Banque de France
QUE VEUT LA FRANCE ? Le cheval de bataille de la France - qui prend la présidence du G20 à l'issue de ce sommet sud-coréen - est la réforme du système monétaire international. Cela tombe bien, le sujet a rarement été autant d'actualité depuis l'annonce de la Fed, la semaine dernière. La réunion de jeudi et vendredi devrait être l'occasion d'ouvrir le vaste chantier. Les travaux devraient prendre du temps et Nicolas Sarkozy a convaincu la Chine, il y a quelques jours, de recevoir un séminaire d'experts début 2011.

Les lignes de consensus possibles à Séoul

Le consensus devrait ressortir au moins sur un point : la régulation du système financier. Le G20 doit simplement avaliser les mesures d'encadrement des bonus des traders ainsi que la mise en place des réformes prudentielles dites de "Bâle III" (annoncées par le Comité de Bâle en septembre dernier), à savoir un durcissement des fonds propres des banques, destiné à assurer une meilleure résistance du système face aux crises. (Sur ce point, les États Unis avaient rechigné à mettre en place les précédents accords de "Bâle II" mais ont promis, cette fois, de mettre en œuvre "Bâle III" dans les temps.) En revanche, les dirigeants du G20 doivent encore discuter de la surveillance des banques dites "systémiques". Ces établissements sont considérés comme suffisamment gros pour entraîner tout le système dans leur chute en cas de faillite. Les propositions des pays du G20 accentuent encore le ratio de fonds propres pour ces grandes banques. Et en cas de grave problème, elles organisent un système de faillite "ordonnée" destiné à éviter la panique des marchés et des clients. Autre sujet qui pourrait mener à un accord : la régulation des déséquilibres commerciaux. Il s'agit d'éviter une guerre commerciale internationale. Le Financial Times estimait il y a quelques jours que les pays du G20 étaient en passe d'adopter une position commune. Cela serait rendu possible par le ralliement de la Chine à la position américaine. Les États-Unis proposent d'instaurer une limite à 4% du PIB pour les excédents et les déficits commerciaux d'un pays.