Le glyphosate en Europe : stop ou encore ?

Le glyphosate, composant essentiel du désherbant Roundup de la firme Monsanto, est au coeur des débats à Bruxelles. Un comité d'experts des Etats membres de l'Union européenne doit voter pour ou contre son homologation jusqu'en 2031. Le vote prévu mardi 8 mars, a été reporté à la mi-mai.
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C'est notre avenir, celui de notre santé et celle de nos enfants qui est en train de se décider à Bruxelles. Des experts européens vont devoir dire "oui encore" ou "stop" à un pesticide bien connu, et décrié : le glyphosate. L'un des pesticides les plus utilisés au monde, qui entre notamment dans la liste des composants du Roundup, retiré des étals des boutiques en France depuis quelques mois, et dont le risque pour la santé est controversé.

Et comme souvent en matière de sécurité sanitaire, deux camps s'opposent.

Du côté des "pour": ni plus ni moins que la Commission européenne elle-même. Bruxelles propose de renouveler l'homologation de cette substance, qui expire officiellement fin juin 2016, pour une durée de 15 ans. La Commission s'appuie sur l'avis donné en novembre par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui a jugé "improbable" le risque cancérogène du glyphosate.

Quelques mois plus tôt, une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Centre international pour le Cancer (CIRC) avait déclaré la substance cancérogène "probable".

Risque probable ou improbable ?


Un collectif d'ONG emmené par l'organisation autrichienne Global 2000 a décidé début mars de porter plainte contre Monsanto et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour distorsion d'analyses scientifiques afin de prouver l'innocuité du glyphosate.

Nous sommes fondés à penser que les autorités européennes et les industriels ont cherché, via des interprétations faussées d'analyses, à maintenir le glyphosate sur le marché européen malgré ses probables effets cancérogènes pour l'être humain Josef Unterweger (avocat de Global 2000)
Global 2000 et d'autre ONG européennes reprochent à l'EFSA d'avoir repris telles quelles les conclusions de l'autorité sanitaire allemande BfR, qui avait elle-même endossé les conclusions du géant américain Monsanto en dépit d'"entorses grossières" à la méthodologie scientifique.

Selon les plaignants, les études épidémiologiques de l'OMS ont relevé un risque accru de "50%" de cancer des noeuds lymphatiques chez les personnes travaillant avec du glyphosate.



Deux pétitions demandent aux autorités européennes de bannir ce produit, dont la marque la plus connue est le Roundup de Monsanto. L'une, qui demande aux gouvernements des pays membres de l'UE de voter contre ce renouvellement, a réuni plus de 142 000 signatures. Sur le site Avaaz, une autre pétition demande la suspension de l'autorisation du glyphosate tant que son innocuité n'aura pas été prouvée de manière certaine. Elle a dépassé 1,4 million de signatures. 

Glyphosate et autisme


Le glyphosate est par ailleurs de plus en plus pointé du doigt pour des liens entre cette substance et autisme. "On a de plus en plus d'éléments sur le lien entre autisme et glyphasate", a déclaré sur France Info, le toxicologue André Cicolella, président du Réseau environnement santé. Selon lui, il existe aujourd'hui suffisamment d'études scientifiques indépendantes pour interdire le glyphosate.
"L'autisme, je rappelle que, selon les dernière données américaines, c'est un enfant sur 45. C'était un enfant sur 68 l'an passé. C'est une progression extrêmement rapide. Et parmi les causes, on retrouve des substances chimiques, dont le glyphosate. Cela justifie qu'on agisse et qu'on élimine de notre environnement cette substance".


Le glyphosate (en particulier celui produit par Monsanto) a pour particularité de provenir de cultures génétiquement modifiées pour lui résister. Il permet aux agriculteurs du tuer les mauvaises herbes en arrosant un champ en une seule fois. Du glyphosate a été retrouvé dans l'air, dans l'eau et dans la nourriture à des niveaux "généralement bas", selon l'Iarc. La population générale est aussi exposée lorsqu'elle habite à côté de zones traitées.