Fil d'Ariane
En signe de soutien au régime congolais, le Kenya annonce le déploiement de troupes dans l'est de la RDC pour faire face aux rebelles.
"Nous ne permettrons pas aux groupes armés, aux criminels et aux terroristes de nous priver de notre prospérité commune". Le président kenyan William Ruto souhaite affirmer son soutien à son voisin congolais.
"Le destin de la RDC est lié au nôtre" affirme le chef d'État sans préciser le calendrier de déploiement des troupes. Il a par ailleurs déclaré que la force régionale comptait envoyer des militaires du Burundi, d'Ouganda et du Soudan du Sud, "en mission pour protéger l'humanité".
Des sources militaires à Nairobi ont refusé de révéler le nombre de soldats kényans impliqués dans cette intervention, en évoquant des "questions évidentes de sécurité". La RDC tente de contrer les activités de dizaines de groupes armés qui prolifèrent dans l'est de cet immense pays, très riche en ressources naturelles.
La tension est particulièrement vive dans la province du Nord-Kivu depuis la résurgence du M23 ("Mouvement du 23 mars"), une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes en fin d'année dernière. Après des semaines d'accalmie, le M23 est à l'offensive dans le territoire de Rutshuru, où elle s'est emparée de villes sur un axe routier stratégique desservant Goma.
Les rebelles ont notamment atteint ces derniers jours Rumangabo, siège d'une base de l'armée congolaise et du quartier général du parc national des Virunga, célèbre pour ses gorilles de montagne.
Après des mois de tension et d'accusations d'"agression", Kinshasa, qui accuse Kigali de soutenir la rébellion du M23, a décidé samedi 29 octobre d'expulser l'ambassadeur du Rwanda en RDC. Une décision que Kigali a "noté avec regret".
De leur côté, les autorités rwandaises ont également accusé la RDC "d'opérer aux côtés de milices armées irrégulières", dont les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), mouvement de rebelles hutu rwandais dont certains impliqués dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.Les autorités de Kinshasa ont par le passé nié toute collusion avec les FDLR.
Cette dégradation de la situation a alarmé la communauté internationale, l'Union africaine appelant à un cessez-le-feu. Le regain de tension dans l'est a conduit la mission de l'ONU en RDC (Monusco) à "relever le niveau d’alerte" de ses troupes en soutien aux forces armées congolaises dans leurs opérations contre le M23.
Un convoi de la Monusco a été pris à partie mardi 1er novembre par une foule en colère à Goma, faisant deux blessés du côté des Casques bleus. Depuis plusieurs mois, les Casques bleus de l'ONU, présents en RDC depuis plus de 20 ans, sont accusés d'inefficacité dans la lutte contre les groupes armés qui terrorisent l'est de la RDC depuis près de trois décennies.
Un rapport d'experts mandatés par le Conseil de sécurité des Nations unies avait détaillé l'implication directe du Rwanda, "unilatéralement ou conjointement avec les combattants du M23" dans l'est congolais. Kigali a récusé ces "allégations non valides" et avancé son "droit à défendre son territoire".