En Syrie, des camps palestiniens déserts ou bombardés Les Palestiniens de Syrie ont commencé à immigrer massivement au Liban en décembre dernier, lorsque le camp de
Yarmouk au sud de Damas, le plus grand de Syrie, a été bombardé. De quelques milliers de réfugiés enregistrés il y a un an, ils sont passés à près de 93 000 cet été. Si les Palestiniens restent neutres ou divisés dans le conflit syrien, plusieurs camps servent de base arrière aux rebelles, et font l'objet de bombardements réguliers par le régime. Deux camps palestiniens sur les neuf officiels sont entièrement désertés et plusieurs sont inaccessibles aux travailleurs de l'
Agence des Nations Unies pour les Réfugiés Palestiniens(UNRWA).
A Yarmouk, seuls 30% des résidents d'origine sont restés. Ahmad, père de trois enfants y a perdu sa maison et son magasin, détruits sous les bombes. Il a déménagé plusieurs fois à l'intérieur de la Syrie, avant d'envoyer sa femme et ses enfants au Liban chez ses cousins, juste avant la fin du Ramadan. Joint par téléphone, il raconte : «
La guerre nous poursuivait. Les enfants faisaient des cauchemars, ils pleuraient dès qu'ils entendaient un bruit d'explosion. J'ai voulu les mettre à l'abri de l'autre côté de la frontière, j'ai ensuite cherché un travail en Syrie mais je n'en ai pas trouvé. Je me suis résigné à rejoindre le Liban ». C'était le 13 août, quelques jours après les nouvelles restrictions. Après un trajet difficile de Damas à Masnaa, pendant lequel Ahmad a dû verser plusieurs pots de vin à des milices pro-régimes et à la douane syrienne, il dit avoir été humilié par les soldats libanais. Deux jours d'attente, avant de devoir repartir en Syrie sans avoir pu voir sa famille, faute de visa d'entrée au Liban. Depuis cette date, les Palestiniens sont de moins en moins nombreux à tenter leur chance aux portes du Liban, la nouvelle des restrictions s'est répandue rapidement parmi cette communauté.
A l'UNRWA, l'inquiétude grandit. Les responsables négocient avec le gouvernement libanais le passage sans condition des réfugiés palestiniens. 90% des Palestiniens de Syrie vivent à Damas ou dans la campagne damascène. Le Liban, à moins de 50 kilomètres de la capitale syrienne constitue donc leur unique point de sortie. Ces dernières semaines, quelques rares Palestiniens ont été autorisés à passer la frontière. «
Nous étudions les demandes au cas par cas, nous laissons passer les cas humanitaires », explique Magkram Malaeb, responsable du programme de gestion de la crise syrienne au Ministère des Affaires Sociales. «
Nous ne pouvons pas parler de restrictions, nous essayons simplement de mieux contrôler les entrées pour savoir qui se trouve sur le territoire libanais.» Un pari perdu d'avance, si l'on en croit les propos d'Ann Dismor, directrice de l'UNRWA au Liban : «
Cette nouvelle politique pourrait augmenter le nombre d'entrées illégales sur le territoire. On va donc avoir plus de mal à les localiser, les comptabiliser et donc les aider », craint-elle.