Fil d'Ariane
Il n'est pas question ici d'espions infiltrés mais bien d'espionnage en toute légalité. Il s'agit de chercheuses et chercheurs chinois qui font remonter les informations du monde scientifique occidental à Pékin.
La loi chinoise sur le renseignement souligne du reste clairement que tous les citoyens doivent coopérer avec le service de renseignement national. Et les chercheurs les plus fidèles au régime peuvent bénéficier de bourses pour des séjours à l'étranger.
Hochschulen richten Kontrollstellen ein, weisen chinesische Wissenschafter ab, kooperieren mit dem Nachrichtendienst. Gleichzeitig müssen sie aufpassen, nicht zum Ziel chinesischer Retorsionsmassnahmen zu werden. @donzerene @mirkopluesshttps://t.co/KNPWY6ABQU
— NZZ am Sonntag (@NZZaS) December 25, 2022
Interviewé dans l'émission Forum de la RTS, Jean-Marc Rickli, directeur des risques globaux et émergents au Centre de politique de sécurité de Genève, a expliqué ce qui intéresse Pékin dans les universités suisses sur la base deux rapports publiés en 2021 par les autorités en France.
"La Chine a deux stratégies", a-t-il résumé. "Dans le domaine des sciences humaines et sociales, c'est de contribuer à développer un narratif qui soit prochinois. Et dans le domaine de l'ingénierie, c'est beaucoup plus basé sur la captation du savoir afin de le transférer en Chine".
Tout cela intervient dans un contexte de rivalité technologique entre les États-Unis et la Chine. Et la situation n'est pas simple pour les hautes écoles suisses, car il y a un risque que des institutions soient placées sur la liste noire de Pékin.
Les hautes écoles marchent donc sur des oeufs, mais prennent quand même des mesures. L'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), par exemple, a mis en place un service qui examine les projets de recherche en collaboration avec des partenaires étrangers. Et s'ils entrent en contradiction avec le droit américain, notamment les sanctions américaines à l'encontre de la Chine, ils sont refusés.
"Une demande de la Chine est aujourd'hui considérée très différemment qu'il y a cinq ans", explique Anders Hagström, responsable des affaires internationales à l'EPFZ dans la NZZ am Sonntag.
Plusieurs universités disent par ailleurs se montrer très prudentes dans l'engagement de scientifiques et de doctorants chinois, dont les candidatures seraient de plus en plus refusées selon le journal alémanique.
Certains établissements, comme l'Université de Zurich, vont jusqu'à échanger régulièrement avec le Service de renseignement de la Confédération en cas de soupçon d'espionnage.
Enfin, le Fonds national suisse de la recherche scientifique a fait de cette question le thème de sa rencontre du début du mois de décembre. Le FNS a également mis sur pause ses programmes d'encouragement de recherche avec Pékin.