Comment êtes vous devenue directrice artistique du Cabaret New Burlesque ? J'étais programmatrice au
Lieu unique, une scène nationale de Nantes. En cherchant de nouveaux talents, j'ai découvert le New Burlesque sur Internet. Je me suis rendue à une convention à Los Angeles en 2003,
Teas-o-rama. J'ai vu 150 numéros en deux jours, et j'en ai sélectionné 6. J'ai ensuite créé le cabaret en 2004. Les premières années, j'ai continué à travailler en parallèle. Depuis deux ans, je me consacre entièrement à la troupe. Entre temps, j'ai évidemment appris à mieux connaître le New Burlesque, j'ai découvert d'autres artistes. Aujourd'hui, j'ai un homme dans la troupe et cinq filles, dont trois sont là depuis le début de l'aventure.
Votre définition du New Burlesque ? La générosité, l'exubérance, la liberté de corps et d'esprit, l'ironie, la satire, l'humour, l'engagement politique... C'est un divertissement mais c'est aussi de l'art. Le message est souvent subliminal, ce qui permet de prendre le spectacle à différents degrés. Et puis le show est aussi un jeu avec le public : plus il réagit, plus les filles vont lui donner. Je pense que venir les voir sur scène est le meilleur antidote à la crise ! Je vois le public sortir du spectacle heureux, avec le sourire aux lèvres. Je trouve ça beau ! Les filles sont humaines, généreuses et cela touche énormément le public.
Les accessoires et la scénarisation tiennent une grande place dans le New Burlesque. Il faut savoir que les artistes font tout : le choix du pseudonyme, le choix de musique, la chorégraphie, le costume... Pendant les 3 minutes du morceau, on raconte une histoire. C'est aussi pour ça que le vécu des artistes est important : elles - et il - n'ont pas 20 ans, ont eu des hauts et des bas dans leurs vies, et sont capables ainsi d'avoir un univers et de tout lâcher sur scène.
Certaines de vos « filles » sont loin des standards féminins en vigueur.... C'est le message que nous voulons délivrer : tout le monde peut monter sur scène ! Il n'y a ni censure ni cloisonnement. On s'en fiche du diktat, des canons de beauté des mannequins ! C'est pour ça que le premier public du New Burlesque a été les gays, les lesbiennes, et tous ceux qui vivent un peu en marge de la société. Nous sommes l'exact contraire des spectacles commerciaux du Crazy Horse ou des Folies Bergères, où la femme doit être belle, parfaite et faire sa chorégraphie au millimètre, mais sans rien derrière. Nous, nous voulons séduire mais aussi décomplexer le public : j'ai vu des femmes un peu rondes, mal dans leur peau, revenir nous voir le lendemain avec des tenus plus sexy !