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Leurs "découvertes révolutionnaires" ont "permis de comprendre comment la chaleur, le froid et la force mécanique peuvent initier les impulsions nerveuses qui nous permettent de percevoir et de nous adapter au monde", a salué le jury Nobel à Stockholm.
Leurs travaux servent à des recherches pour de nombreux traitements, notamment pour les douleurs chroniques.
David Julius, 65 ans et professeur à l'Université de Californie, a utilisé la capsaïcine, un composant actif du piment qui provoque une sensation de brûlure, pour identifier un capteur dans les terminaisons nerveuses de la peau qui réagit à la chaleur.
De 12 ans son cadet et né à Beyrouth, Ardem Patapoutian, professeur à l'institut de recherche Scripps, également en Californie, a lui utilisé des cellules sensibles à la pression pour découvrir une nouvelle classe de capteurs qui répondent aux stimuli mécaniques dans la peau et les organes internes.
"Ce sont tous les deux des chercheurs incroyables qui ont ouvert les portes de la sensation sensorielle d’une manière totalement unique", a loué Thomas Perlmann, chef du comité Nobel pour la médecine, devant les journalistes.
Au cours de la nuit sur la côte Ouest des Etats-Unis, la fondation Nobel est parvenue avec difficulté à joindre les deux lauréats, a-t-il expliqué. "On les a eus au téléphone au dernier moment, on a d'abord chassé le numéro de téléphone d’un père et d’une belle-sœur".
La Fondation a diffusé une photo familiale d'Ardem Patapoutian dans son lit, félicité par son fils.
Ce prix a déjoué les pronostics des experts, même si David Julius figurait depuis 2014 dans la longue liste des nobélisables scientifiques tenue par l'organisme Clarivate. Il avait également remporté en 2019 le nouveau et richement doté Breakthrough Prize (3 millions de dollars) créé par les fondateurs de Google et Facebook.
"On ne s'attend jamais à ce que ces choses arrivent (...) J'ai cru que c'était un canular", a affirmé ce natif de New Yorkn (nord-est des Etats-Unis), joint par la radio publique suédoise.
Pour le 120e anniversaire des Nobel, les spécialistes misaient cette année sur les vaccins à ARN messager contre le Covid-19, des nonagénaires pionniers des lymphocites B et T, des experts de l'adhésion des cellules, des nouvelles voies pour des traitements en rhumatologie, ou encore des champions de l'épigénétique ou de la résistance aux antibiotiques.
L'Académie suédoise des Sciences veille jalousement au secret et aucune des centaines de nominations en lice chaque année n'est jamais confirmée.
L'an dernier, déjà en pleine pandémie, le prix 2020 était allé à des virologues, trois découvreurs du virus responsable de la redoutable hépatite C.
Le millésime se poursuit à Stockholm mardi avec la physique, mercredi avec la chimie, avant les très attendus prix de littérature jeudi et de la paix vendredi, seule récompense décernée à Oslo. Le plus récent prix d'économie clôt la saison lundi prochain.
Avec ce 112e Nobel de médecine, ils sont désormais 224 à s'être vu décerner le prix "de physiologie ou de médecine" depuis sa création, dont seulement 12 femmes.
Si les Nobel 2021 sont bien annoncés comme prévu cette semaine, le coronavirus a entraîné pour la deuxième année consécutive l'annulation de la venue des lauréats pour la remise des prix le 10 décembre à Stockholm, du jamais vu en temps de paix depuis 1924.
Comme l'an passé, les prix seront remis dans les pays de résidence, même si un petit espoir demeure pour le prix de la paix à Oslo.
Pour ce dernier, la liberté de la presse (Reporters sans frontières, Comité pour la protection des journalistes...), l'opposition bélarusse et sa cheffe de file Svetlana Tikhanovskaïa ou le climat, avec la Suédoise Greta Thunberg, 18 ans, et son mouvement des Fridays for Future, sont évoqués pour succéder au Programme alimentaire mondial.
Pour la littérature jeudi, des dizaines d'"usual suspects" ou d'hypothèses plus récentes sont considérés comme nobélisables.
L'Académie suédoise, qui cherche à diversifier le profil de ses lauréats, choisira-t-elle un ou une non-Occidental(e)? Le Chinois Mo Yan en 2012 est le dernier non-Américain ou non-Européen à avoir remporté le titre.