Fil d'Ariane
C'est un sujet beaucoup commenté et partagé sur les réseaux sociaux notamment sur Facebook alors qu'approche l'échéance de la signature à Marrakech du Pacte mondial pour les migrations par la majorité des états membres de l’ONU. Certains craignent que la France perde sa souveraineté.
Pourtant, contrairement à cette rumeur relayée sur la toile, ce texte ne mettra pas à mal la souveraineté des Etats puisqu'il a une valeur non-contraignante.> Analyse de François Héran, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Migrations et sociétés ». Sur TV5MONDE, il remet en cause les clichés et les préjugés véhiculés sur les migrants. Seuls 5% de la population mondiale migrent, quand 95% demeurent dans le pays d'origine.
Ce Pacte mondial pour les migrations - surnommé aussi Pacte de Marrakech- fixe au total 23 objectifs visant à promouvoir "des migrations sûres, ordonnées et régulières".
Parmi ces objectifs :
En septembre 2016, les 193 membres de l'Assemblée générale avaient approuvé à l'unanimité une Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants.
A la mi-novembre, 176 Etats membres de l'ONU ont accepté la résolution sur le pacte mondial sur les réfugiés. Soit 17 Etats qui ne l'ont pas accepté :
La crise au sein du gouvernement belge autour du Pacte de l'ONU sur les migrations s'est aggravée ce mardi 4 décembre, le Premier ministre décidant d'en appeler au Parlement pour contourner le "blocage" des nationalistes flamands de la N-VA, seuls partenaires de sa coalition opposés à ce texte.
"En ce moment il y a un blocage au gouvernement (...) puisqu'il y a un parti sur les quatre qui composent la majorité qui s'est opposé, cela m'a encore été confirmé cet après-midi", a déclaré Charles Michel au cours d'une conférence de presse en fin de journée.
Ce libéral francophone a expliqué que les ministres de la N-VA, dont le bouillant secrétaire d'Etat à la Migration Theo Francken, refusaient d'adjoindre au texte de l'ONU -qui ne peut plus être modifié- "une déclaration interprétative" exprimant certaines réticences des Etats.
"J'ai donc pris la décision de demander au Parlement de s'exprimer sur ce sujet, je
souhaite qu'(il) puisse donner son point de vue", a ajouté Charles Michel.
Le Premier ministre a annoncé qu'il se rendrait au sommet de Marrakech (Maroc) la semaine prochaine pour défendre la position qui aura été exprimée par les députés, quitte à faire chuter la coalition au pouvoir depuis octobre 2014.
Lundi, Bart De Wever, président de l'Alliance néo-flamande (Nieuw-Vlaamse Alliantie, N-VA), avait menacé de retirer son soutien au gouvernement Michel en cas de déplacement au sommet de l'ONU prévu les 10 et 11 décembre. "Nous ne soutenons pas un gouvernement qui irait à Marrakech", avait-il averti.
A l'approche des élections législatives de mai, qui coïncideront avec les européennes en Belgique, la N-VA entend faire de l'immigration son principal sujet de campagne.
Mardi, le parti a dû reconnaître "une erreur" après le tollé suscité par une nouvelle série d'affiches de campagne aux accents identitaires, ciblées sur le refus du pacte de l'ONU.
Il a annoncé le retrait des images controversées le jour même de leur mise en ligne.
De son côté Charles Michel a fustigé mardi soir "une campagne inacceptable, scandaleuse, indigne".
Non contraignant, le pacte de l'ONU, le premier du genre sur ce sujet, recense des principes -défense des droits de l'homme, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale- et une vingtaine de propositions pour aider les pays à faire face aux migrations en facilitant l'information, l'intégration des migrants, l'échange d'expertises, etc.
En septembre Charles Michel s'était engagé à soutenir ce texte lors d'une intervention à la tribune de l'ONU à New York.
Cela avait selon lui fait l'objet d'un consensus au sein de son gouvernement. Mais à la suite des critiques exprimées par le chancelier autrichien Sebastian Kurz le 31 octobre, la N-VA a opéré "une volte-face", a-t-il regretté, soulignant qu'"une vingtaine de pays européens sont favorables" au texte.
Selon Le Soir, la présidente de l’assemblée générale de l’ONU, Maria Fernanda Espinosa Garcès, a adressé un courrier à tous les représentants et observateurs permanents dont belges. Et elle insiste : le pacte n’est pas contraignant. "Ce pacte, premier cadre mondial sur la migration internationale, n’est pas légalement contraignant et peut être utilisé par les États membres pour déterminer leur propre politique nationale de migration."