Cette renonciation pontificale n'est pas une première dans l'histoire de l'Eglise. C'est une possibilité qui est envisagée dans le canon 332 § 2 du Code de Droit Canonique 1,2 et le canon 44 § 2 du Code des canons des Églises orientales 3,2. La seule condition pour que la renonciation soit valide est qu'elle soit faite "librement et se manifeste correctement".
Face aux scandales
Succédant, en 2005, au très médiatique Jean-Paul II, Benoît XVI est rapidement confronté à la crise la plus profonde de l'Eglise contemporaine : celle des révélations en cascade, dans plusieurs pays d'Europe et d
'Amérique du Nord, d'abus sexuels commis sur des enfants par des membres du clergé. Condamnant ces "pêchés" et ordonnant la tolérance zéro, Benoît XVI demande explicitement "pardon "aux victimes en juin 2010. En 2012, il fait face à un second scandale : la fuite de documents confidentiels qui aboutira à l'arrestation de son propre majordome, Paolo Gabriele.
Suivant une ligne conservatrice traditionnelle, le pape Benoit XVI n'a pas fait évoluer l'Eglise sur les questions de moeurs. Il est resté fermement opposé à l'avortement, l'euthanasie,
l'homosexualité. En revanche, il sera le premier à admettre, dans un livre d'entretiens Lumière du monde, l'utilisation du préservatif dans des cas très limités pour éviter la contamination du Sida.
Une jeunesse en Bavière
Né le 16 avril 1927 dans une famille modeste de la très catholique Bavière en Allemagne, Joseph Ratzinger entre en 1939 au petit séminaire. La même année, par décret obligatoire, il est inscrit aux Jeunesses hitlériennes. Un engagement qui s'est fait contre son gré, a-t-il précisé plus tard en dénonçant l'"inhumanité" du régime nazi.
Ordonné prêtre en 1951, Joseph Ratzinger n'a connu de véritable expérience pastorale que de 1977 à 1981 à Munich. Il a enseigné la théologie dans plusieurs universités allemandes puis a participé comme expert au concile Vatican II (1962-1965). Il figurait parmi les plus libéraux. Ce qui ne l'empêchera pas, dans un souci d'unité, à faire revenir dans le giron de l'Eglise les intégristes qui acceptent le Concile.
Un successeur africain ?
Désormais l'Eglise s'apprête à rentrer à partir du 28 février dans la période dite de siège vacant. Le successeur de Benoît XVI "ne sera pas plus traditionnel mais ne comptons pas, sauf énorme surprise, sur un pape qui révolutionnera l'Eglise", a estimé le spécialiste des religions Odon Vallet, sur la chaîne française I-télé, qui a aussi avancé que "ce serait un signal fort s'il s'agissait d'un pape africain. Les cardinaux africains passent une grande partie de l'année à Rome et son tout à fait dans la ligne du Vatican."
En tout cas, un nouveau pape sera désigné "pour Pâques", a signalé le porte-parole du Vatican, le père Frederico Lombardi. Quant à Benoit XVI, il se retirera dans un monastère dans l'enceinte du Vatican.