Fil d'Ariane
Lors de ce 37eme voyage international depuis son élection en 2013, le pape s'adressera en priorité aux autochtones, peuples amérindiens ancestraux représentant 5% de la population du Canada et qui s'identifient dans trois groupes: les Indiens ou Premières nations, les Métis et les Inuits.
Au coeur de cette visite, un douloureux chapitre: entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, quelque 150.000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans plus de 130 pensionnats, subventionnés par l’État mais administrés en majorité par l'Église catholique. Ils y ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture et souvent victimes de violences, parfois sexuelles.
Jusqu'à 6.000 enfants y laisseront la vie. Un "génocide culturel" selon une commission d'enquête nationale, dans un pays où la découverte de plus de 1.300 sépultures anonymes en 2021 a créé une onde de choc et incité les autorités à déclarer une "Journée de la réconciliation".
Début avril, François avait déjà présenté des "excuses" historiques lors d'une audience au Vatican devant des délégations autochtones, confiant sa "tristesse et sa honte". Mais des milliers d'entre eux attendent désormais qu'il renouvelle sa demande de pardon sur le sol canadien, où cette visite - qui a pour devise "Marcher ensemble" - suscite un immense espoir.
Ce "pèlerinage pénitentiel", selon les propres mots du pape, débutera le 25 juillet par une étape à Maskwacis, à une centaine de kilomètres au sud d'Edmonton, où François rencontrera une première fois des peuples autochtones. Jusqu'à 15.000 personnes, dont des anciens élèves de pensionnats venus de différentes régions du pays, y sont attendues. "Je lui souhaite la bienvenue", confie John Crier, l'un de ces survivants, qui se "réjouit de cette opportunité". "Pour nous tous et le Canada, (c'est l'occasion) de pouvoir vraiment définir ce qu'est la réconciliation".
"D'après ce que j'entends, c'est 52 minutes, ce n'est pas très long", s'inquiète pour sa part Randy Ermineskin, chef de la nation Crie d'Ermineskin. "Beaucoup de gens vont être déçus du temps qui leur est accordé parce que ce sont des années et des années de traumatisme".
Le 26 juillet, le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques célèbrera une messe dans un stade de 60.000 places à Edmonton avant de se rendre au lac Sainte-Anne, site d'un important pèlerinage annuel.
Il rejoindra ensuite Québec du 27 au 29 juillet, où il rencontrera le Premier ministre Justin Trudeau et célèbrera une messe au Sanctuaire national de Sainte-Anne-de-Beaupré, l'un des principaux lieux de pèlerinage d'Amérique du Nord.
Le 29 juillet, le jésuite argentin se rendra à Iqaluit (Nunavut), ville du grand Nord canadien qui regroupe le plus grand nombre d'Inuits du pays, où il rencontrera des anciens élèves de pensionnats, avant de repartir à Rome.
Le pape pourrait également restituer des oeuvres et objets autochtones exposés dans les musées du Vatican, et que certains représentants souhaitent voir retourner dans leur patrimoine culturel.
Le Canada, où 44 % de la population est catholique, est confronté comme d'autres pays, à une crise de son Église, avec une pratique en nette baisse ces dernières années.
François est le deuxième pape à visiter le Canada, après Jean Paul II qui s'y est rendu à trois reprises (1984, 1987 et 2002).
Au total, François parcourra 20.000 km lors de ce voyage, longtemps incertain en raison de sa gonalgie au genou droit, qui l'oblige à se déplacer avec une canne ou un fauteuil roulant.
En juin, le Vatican avait reporté sine die une visite en Afrique prévue début juillet.
Si les infiltrations et séances de kinésithérapie suivies par le pape semblent avoir atteint leur objectif, sa santé sera attentivement observée et il sera accompagné d'un médecin et d'un infirmier.