Appel à un "réveil"
Dans l'hémicycle du Parlement, socialistes et conservateurs ont salué un appel à un "réveil" de l'Europe. A l'extrême droite, la présidente du Front national français, Marine Le Pen, a salué les "accusations assez lourdes contre l'ultralibéralisme", tandis que son père, Jean-Marie Le Pen, déplorait que le pape soit en faveur de "l'entrée massive des immigrants" en Europe.
Après s'être adressé aux élus du Parlement européen, venus des 28 pays de l'Union, le pape a traversé la rivière Ill pour entrer au Conseil de l'Europe, une organisation regroupant 47 Etats, dont l'Ukraine et la Russie, créée après la Seconde guerre mondiale et dont le rôle est de promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l'Homme. Il l'a appelé à poursuivre son action "dans la recherche d'une solution politique aux crises en cours", une allusion à la crise ukrainienne.
Le dernier pape à s'être rendu dans ces assemblées était Jean Paul II en 1988, quand l'Europe était encore coupée en deux par le rideau de fer.
Purement institutionnel, ce déplacement de quatre heures, le plus court d'un pape à l'étranger, ne prévoyait aucun bain de foule, ni de rencontre avec les catholiques français, à la grande déception des fidèles cantonnés derrière un écran géant dans la cathédrale de Strasbourg. Le Vatican a promis une visite en France pour 2015.
La nef de la cathédrale a résonné d'applaudissements lorsque les fidèles ont vu à l'écran le pape atterrir à Strasbourg peu avant 10H00 (09H00 GMT). Il a été reçu au nom du gouvernement français par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, numéro trois du gouvernement.
Alors qu'il était accueilli ensuite au Parlement au son des hymnes du Vatican puis européen, les cloches ont sonné dans toute la ville de Strasbourg. Tireurs d'élite, policiers, gendarmes: un millier d'agents des forces de l'ordre avaient été déployés dans la capitale alsacienne.
La visite, chronométrée, a été marquée par un bref moment d'émotion, quand le pape a pu retrouver une Allemande de 97 ans qui l'avait hébergé en 1985, alors qu'il apprenait la langue de Goethe dans le sud du pays.
Bloqués derrière les barrières de sécurité du Conseil de l'Europe, de nombreux badauds ont aussi tenté d'apercevoir le Saint-Père. Parmi eux, Fredie, un Alsacien d'une soixantaine d'années, a pu rapidement entrevoir sa voiture. "C'est malheureux, ça n'a duré que deux secondes".