Fil d'Ariane
Un garde suisse se tient devant la basilique Saint-Pierre à la fin d'une messe, le 2 octobre 2024 sur la place Saint-Pierre du Vatican
Le pape François a ouvert mercredi la seconde Assemblée générale d'un sommet mondial sur l'avenir de l’Église catholique, l'un de ses principaux chantiers, sur fond de pressions sur la place des femmes et la lutte contre les violences sexuelles.
Jusqu'au 27 octobre, 368 personnes - religieux, évêques et laïcs dont des femmes - d'une centaine de pays débattront à huis clos au Vatican lors de l'Assemblée générale du Synode sur l'avenir de l’Église, un organe consultatif qui livrera ses conclusions au pape, lequel garde le dernier mot sur d'éventuelles réformes doctrinales.
Il s'agit de la seconde phase de ce symposium international, après une première réunion d'un mois en octobre 2023 qui avait abordé des thèmes aussi variés que le rapport à la polygamie, l'ordination d'hommes mariés, la lutte contre la pédocriminalité ou l'accueil des personnes LGBT+.
Mais certaines questions de société avaient alors suscité de fortes réticences, notamment chez une frange conservatrice de l’Église qui craint un dévoiement de la doctrine, conduisant le Synode à fermer la porte à certaines hypothèses, comme la possibilité pour les femmes de devenir diacres.
L’Église catholique n'autorise que les hommes à être diacres, un ministère qui permet de célébrer baptêmes, mariages et funérailles, mais pas les messes.
Le pape François grimpe dans la papamobile après une messe sur la place Saint-Pierre du Vatican, le 2 octobre 2024
Après un tollé suscité fin 2023 par sa décision d'ouvrir les bénédictions aux couples de même sexe, le pape a confié les thèmes les plus sensibles du Synode à 10 groupes de travail qui rendront leurs conclusions en juin 2025.
Depuis son élection en 2013, l'évêque de Rome s'est attelé à réformer la gouvernance de l’Église, qu'il souhaite moins pyramidale et plus proche des fidèles, quitte à susciter de fortes résistances internes.
Lors d'une messe d'ouverture sur la place Saint-Pierre de Rome mercredi matin, Jorge Bergoglio a appelé les participants à "ne pas transformer nos contributions en points à défendre ou en agendas à imposer", au risque de s'"enfermer dans des dialogues de sourds".
Ce sommet n'est pas "une assemblée parlementaire mais un lieu d'écoute en communion", a-t-il rappelé en guise de mise en garde aux participants, qui débuteront leurs travaux dans l'après-midi et rendront leurs conclusions le 26 octobre.
Fruit d'une consultation des catholiques du monde entier pendant trois ans, cette réunion a été précédée mardi soir par une veillée "pénitentielle" lors de laquelle le pape a de nouveau demandé "pardon" et exprimé sa "honte" pour les violences sexuelles dans l’Église catholique.
Le pape François préside une célébration pénitentielle le 1er octobre 2024 à la basilique Saint-Pierre au Vatican.
Devant 2.500 personnes réunies à la basilique Saint-Pierre de Rome, un baryton sud-africain agressé par un prêtre à l'âge de 11 ans a dénoncé le manque de transparence et de responsabilité de l’Église face à ces violences qui ont "ébranlé la foi de millions de personnes".
"Comment pourrions-nous être crédibles dans la mission si nous ne reconnaissons pas nos erreurs et ne nous penchons pas pour guérir les blessures que nous avons causées par nos péchés?", a réagi François.
Une vue générale montre la basilique Saint-Pierre lors d'une messe pour l'ouverture de l'Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, le 2 octobre 2024 sur la place Saint-Pierre au Vatican.
Parmi les sept cardinaux à demander pardon, l'Américain Seán O'Malley a confié sa "honte" et sa "tristesse" devant les violences "qui ont volé l'innocence et profané le caractère sacré des personnes faibles et sans défense".
Cette 16e Assemblée générale du Synode se distingue par un nouveau mode de fonctionnement qui se veut plus horizontal, notamment avec la première participation de laïcs et d'une cinquantaine de femmes qui ont depuis 2023 le droit de vote, une révolution pour cette institution créée par Paul VI en 1965.
Elle intervient quelques jours après un voyage mouvementé du pape en Belgique lors duquel il a de nouveau fermement condamné les lois "meurtrières" autorisant l'avortement et dénoncé les dérives du féminisme, s'attirant de vives critiques.