Le parlement russe s'interroge sur la réunification allemande
Le président du Parlement russe Sergueï Narychkine a demandé mercredi à sa Commission des Affaires étrangères d'étudier la possibilité d'adopter une résolution condamnant « l'annexion » en 1989 de l'Allemagne de l'Est par l'Allemagne de l'Ouest. Une réponse aux sanctions prises - et éventuellement renouvelées - contre elle au Conseil de l'Europe.
Ce n'était pas destiné à plaire au camp occidental et c'est certainement gagné sur ce plan. La Commission des Affaires étrangères a été chargée par Sergueï Narychkine « de préparer une déclaration condamnant l'annexion de la République démocratique allemande (RDA) par la République fédérale d'Allemagne (RFA) en 1989 ».
Clairement désagréable, la proposition est voulue comme « mesure de rétorsion » contre la présidente de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), Anne Brasseur. Celle-ci a qualifié d' « annexion » la prise de contrôle de la Crimée par des forces russes suivie d'un référendum en mars sur le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie.
A défaut d'être parfaitement de bonne foi, les accusations rouvertes du côté russe après vingt-six ans ne sont pas totalement dénuées de fondement. Quoique validée par Moscou et sans doute souhaitée sur le fond par les populations, la réunification allemande n'a pas été exempte, à certains égards, d'un caractère expéditif.
Le 3 octobre 1990, au terme d'un processus enclenché un an après la chute du Mur de Berlin, symbole de la division du monde pendant la Guerre froide, l'Allemagne est unifiée après plus de quarante ans de partition. Cette unification se traduit cependant en fait par la disparition de la RDA, son système économique, les droits sociaux de sa population.
Le texte a été approuvé le 20 septembre 1990 par la Volkskammer (Chambre du peuple de la RDA) (299 votes en faveur, 80 contre, une abstention). Pourtant, « contrairement à la Crimée, aucun référendum n'a été réalisé en RDA », a rappelé Serguei Narychkine, en référence à celui conduit dans la péninsule où 97% des votants ont choisi de rejoindre la Russie selon le Kremlin.
Si le rattachement de la Crimée à la Russie est considérée comme une annexion, alors « on peut dire que la RDA a été annexée par la RFA », estime M. Narychkine, martelant que la Russie est « contre la logique du deux poids, deux mesures ».
Le président du Parlement russe s'était entretenu dimanche, dans une ambiance glaciale, avec Anne Brasseur, afin de « maintenir le dialogue » selon la présidente de l'APCE.
En avril 2014, la Russie a été privée de son droit de vote dans cette assemblée, d'entrer à sa direction et de participer à ses missions de suivi jusqu'en janvier 2015 à cause du rattachement de la Crimée à la Russie et de son soutien présumé aux insurgés dans l'est de l'Ukraine. Une sanction qui pourrait éventuellement être reconduite lors de la première des quatre sessions annuelles de l'APCE qui s'ouvre lundi.