Fil d'Ariane
Le président de la COP29, Moukhtar Babaïev lors de l'ouverture de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) 2024 à Bakou, le 11 novembre 2024
Le président de la COP29, Moukhtar Babaïev, reproche aux pays du Nord d'avoir été trop "inflexibles" sur le montant de l'aide climatique et d'avoir trop attendu pour abattre leurs cartes, pour justifier un accord final "imparfait" et vertement critiqué notamment par les pays du Sud.
Selon lui, "les Chinois étaient prêts à proposer davantage si d’autres en faisaient autant (mais les autres ne l’ont pas fait)", a-t-il expliqué lundi dans une tribune publiée dans le quotidien britannique Guardian.
Cet accord, qui attribue 300 milliards de dollars de financement climatique d'ici 2035 aux pays les moins développés de la part des pays les plus riches, au titre de leur responsabilité historique dans le réchauffement de la planète "est peut-être imparfait. Il ne satisfait pas tout le monde", reconnaît M. Babaïev, également ministre de l'Ecologie de l’Azerbaïdjan.
"Mais il constitue une avancée majeure par rapport aux 100 milliards de dollars", montant du précédent engagement des pays développés, estime-t-il.
A plusieurs reprises, plusieurs pays ont reproché à la présidence azerbaïdjanaise une absence de leadership et un manque de préparation, notamment la France et l'Allemagne. Et beaucoup de pays, en particulier du Sud, ont jugé trop faible le montant de l'aide accordée et critiqué la façon dont l'accord avait été adopté, selon eux, sans leur laisser le temps de l'étudier ou de formuler leurs objections.
"Pour les pays du Sud, cela a eu l’air d’un fait accompli. Mon équipe de négociation a ardemment plaidé pour que les projets soient rendus publics bien plus tôt", affirme M. Babaïev, avant d'expliquer que le projet a été présenté tard "parce que le Nord global était tout simplement inflexible face à nos efforts pour augmenter ce chiffre ou l’annoncer plus tôt".
Et même s'il juge qu'en fin de compte la "contribution du monde industrialisé est trop faible" et celle "du secteur privé est trop théorique", il rappelle aussi que cet accord "a failli ne pas avoir lieu. (...). Toutes les COP ont des délais (à respecter) et le nôtre était arrivé".
"Les responsables politiques de tous les pays, chacun à leur manière, bien que confrontés à leurs propres limites, ont fait de leur mieux" pour aboutir à un accord, déclare M. Babaïev.
"Ce que nous avons convenu à Bakou contribuera à ralentir les effets du changement climatique d’origine humaine, mais ce n’est pas suffisant. Cela ne met pas fin au débat sur qui paie", conclut-il, donnant rendez-vous à la COP30 pour poursuivre les efforts.