Fil d'Ariane
TV5Monde : Mercredi soir, Neymar, Lionel Messi et Kylian Mbappé vont se retrouver pour la première fois de la saison ensemble, sur le terrain du FC Bruges, en Belgique. Qu’est-ce que cela fait de voir ces trois joueurs alignés ?
Didier Roustan : C’est très excitant. Il y a une grosse attente car ce sont trois joueurs hors normes et les voir associés est quelque chose de rare. Je resterai tolérant car le football, c’est une complicité, des automatismes et même si les grands joueurs se trouvent plus facilement, de manière naturelle, il leur faudra un petit temps d’adaptation.
TV5Monde : Ces trois joueurs représentent-ils la meilleure attaque jamais alignée en club, selon vous ?
Didier Roustan : Il y a déjà eu des attaques qui avaient sensiblement le même niveau, peut-être même plus. C’est toujours difficile de comparer, suivant les années et même les époques. Lorsque Messi, Suárez et Neymar étaient alignés à Barcelone il y a quelques saisons, c’était à mon sens le trio le plus fort. Messi avait alors 5 ou 6 ans de moins. C’est un paramètre que l’on ne peut pas occulter. Il était plus performant et c’est bien normal. Neymar, lui, était vraiment au service de l’équipe alors qu’aujourd’hui il est dans un rôle un peu bizarre, parfois au détriment du jeu. Il a pris une assurance, mais elle est à double tranchant. De son côté, Mbappé n’est pas un vrai avant-centre comme l’était Suárez. Il est peut-être plus spectaculaire mais il est sans doute moins efficace.
L'équipe du Bayern Munich est moins clinquante que le PSG, certes, mais en terme de force collective, elle lui est supérieure. Didier Roustan, journaliste de football
TV5Monde : Le PSG est-il désormais le favori de la Ligue des champions ?
Didier Roustan : Non. L’arrivée de Messi donne une carte supplémentaire au club, mais aucune garantie pour autant. En Ligue des champions - d’ailleurs, Messi l’a très bien expliqué en conférence de presse - il y a une part de chance ou de réussite qui ne se programme pas. Dans le football actuel, ce n’est pas parce que vous avez la meilleure équipe sur le papier que vous remportez la coupe. Surtout si c’est une coupe. Le championnat a lui une forme de logique, car il y a 38 journées où vous pouvez avoir une défaillance mais où vous vous reprenez ensuite.
Dans une coupe, il y a six matchs. C’est peu pour pouvoir éventuellement rétablir l’affaire. La finale se joue en un seul match. C’est aussi pour cela que parfois, de petits clubs parviennent à battre de grosses équipes. Par ailleurs, il existe actuellement de très gros clubs en Ligue des champions. C'est le cas par exemple du Bayern Munich. Son équipe est moins clinquante que celle du PSG, certes, mais en terme de force collective, elle lui est supérieure.
Je suis plutôt optimiste. Mais c’est toujours pareil, plus on s’attend à un grand spectacle, plus la déception peut être grande. Didier Roustan, journaliste de football
TV5Monde : Quels défis doit relever l’équipe du PSG ? Le challenge est-il de parvenir à faire corps, à faire équipe plutôt que de ressembler à une belle vitrine rassemblant les trois grands joueurs que sont Neymar, Mbappé et Messi ?
Didier Roustan : En football, ce sont les individualités qui font la différence. Mais il faut que l’équipe ait un équilibre et qu’il y ait une force collective. Même si vous êtes le super crack de l’équipe, il faut savoir faire des efforts pour les autres joueurs. Tout le monde rame dans le même sens, et s’il n’y en a que onze qui sont sur la pirogue, elle va forcément moins vite.
Les chances de succès dans cette coupe se sont multipliées pour le PSG, à condition que les trois individualités se fondent dans le collectif, fassent des efforts défensifs et que l’équipe ne soit pas coupée en deux : les attaquants d’un côté, ceux qui récupèrent le ballon de l’autre et entre les deux un « no man’s land ». C’est un déséquilibre qui a fait beaucoup de mal au PSG par le passé. Messi, à 34 ans, n’est pas un révolutionnaire de l’effort. À Barcelone, tout était axé autour de lui. Mais au PSG, il y a deux autres grands joueurs avec lesquels il va falloir composer. Sans compter les « guerres d’ego », qui existent aussi, bien que Neymar aime beaucoup Messi et que Mbappé soit un joueur intelligent qui pense dans l’intérêt de son équipe.
ll y a une grande curiosité pour savoir si les trois joueurs optimisent vraiment l’équipe. Je suis plutôt optimiste. Mais c’est toujours pareil, plus on s’attend à un grand spectacle, plus la déception peut être grande.
Regarder : les supporters du PSG célèbrent la venue de Lionel Messi