Le rappeur MHD et huit autres personnes jugées aux assises pour un meurtre lors d'une rixe

Le rappeur MHD et huit autres hommes sont jugés aux assises à Paris à partir de lundi 4 septembre pour un meurtre commis lors d'une rixe entre deux bandes rivales dans la capitale en 2018.

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MHD

Le rappeur MHD, de son vrai nom Mohamed Sylla, est jugé aux assises à partir de lundi pour son implication dans un meurtre au cours d'une rixe.  

Capture d'écran AFPTV
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L'artiste et quatre co-accusés comparaîtront libres, trois autres sont toujours en détention provisoire et le dernier, toujours en fuite, sera jugé par défaut. Ils encourent jusqu'à trente ans de réclusion criminelle.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2018, Loïc K., âgé de 23 ans, meurt après avoir été renversé volontairement par une Mercedes dans le Xe arrondissement de Paris, puis passé à tabac par une dizaine d'hommes et lacéré de coups de couteaux. La voiture est retrouvée un jour plus tard, incendiée, dans un parking.

Rapidement, les enquêteurs explorent la piste d'un règlement de comptes entre jeunes de la cité des Chaufourniers, surnommée la "cité rouge", et celle de la Grange aux Belles, situées à quelques encablures l'une de l'autre, dans les Xe et XIXe arrondissements.

(Re)lire → Le petit prince de l'afro trap

Les affrontements entre les deux bandes ne sont pas nouveaux. Plus d'un an auparavant, un jeune des Chaufourniers avait déjà trouvé la mort dans une bagarre. 

Quelques heures avant l'affrontement ayant abouti à la mort de Loïc K., une dizaine de personnes de la Grange aux Belles s'étaient introduites chez un ancien du quartier des Chaufourniers et l'avaient menacé avec des gourdins, acte qui avait suscité une volonté de représailles de la cité rivale. Rapidement, plusieurs témoins mettent en cause le rappeur MHD, de son vrai nom Mohamed Sylla, habitant des Chaufourniers.

Pionnier de "l'afro-trap", mélange de hip-hop et de musiques africaines, le jeune homme, alors âgé de 23 ans, est en pleine ascension. Son premier album s'est vendu à plus de 400 000 exemplaires et il est remarqué à l'étranger par des artistes comme Madonna ou Drake et monte sur scène au prestigieux festival Coachella en Californie en 2018 aux côtés de Beyoncé et Eminem.

Il décroche même un premier rôle au cinéma, celui... d'un jeune accusé de meurtre dans "Mon frère". Début 2019, tout lui sourit encore : une nouvelle tournée internationale l'attend avec une soirée de gala à l'Accor Arena (Bercy) à Paris. Mais la justice le rattrape et il est écroué en janvier.

Coup d'arrêt à sa carrière 

En effet, les enquêteurs qui travaillent sur la mort de Loïc K. ont établit que la Mercedes incendiée appartenait à MHD et des témoins affirment l'avoir vu à bord. D'autre part, à cette époque, le rappeur avait les cheveux peroxydés et était ambassadeur de la marque Puma. Or, sur plusieurs vidéos de la scène, un des hommes, noir, a les cheveux teints en blond et porte un survêtement Puma.
 

Sur ces images, on peut voir cet hommme traîner Loïc K. pour l'écarter de la voiture et lui asséner un violent coup de pied dans la tête avant de quitter les lieux.

Tout au long de l'instruction, MHD a nié les faits, faisant notamment valoir qu'il prêtait très régulièrement sa voiture à son entourage, ou encore que plusieurs personnes dans le quartier portaient la même coiffure que lui.

L'affaire, a valu à l'artiste de passer un an et demi en détention provisoire avant d'être libéré  sous caution et placé contrôle judiciaire à l'été 2020, avec interdiction de se rendre à Paris, obligation de pointer au commissariat chaque semaine. a nettement freiné la carrière de celui que la presse avait surnommé le "Petit prince" de l'afro-trap. 

"Cycle tragique de violences" 

Parmi les autres accusés, trois, dont celui qui est en fuite, sont soupçonnés d'avoir porté des coups de couteau à la victime. Un autre sera également jugé pour l'incendie de la Mercedes.
 

"On est sur un cycle tragique et terrible de violences de quartiers, dans lequel on ne sait plus pourquoi tel quartier est ennemi de tel autre, mais où on n'a pas le choix et on est obligé d'être solidaires des autres", analyse Me Guillaume Halbique, l'un des avocat de la défense.

"Pour bien juger et bien comprendre, il faut prendre de la hauteur et prendre en compte ces dynamiques qui se mettent en place dès le plus jeune âge", estime-t-il. 

Malgré  ses déboires judiciaires, MHD a sorti un nouvel album intitulé "Mansa" en 2021, dans lequel il évoque les poursuites. Il y revient sur ses poursuites, notamment dans le titre "Tout gâcher" : "J'avais des projets qui rapportent, mais le poto a tout gâché", chante-t-il. "J'devais remplir mon Bercy, pardon maman j'ai tout gâché".

Cet été, le rappeur a encore sorti un nouveau morceau "Jungle" dont le clip, qui cumule déjà près de 600 000 vues sur Youtube, est sorti le 26 août. 

MHD est toujours suivi par 2,6 millions de personnes sur Instagram, écouté par près de 4 millions de fans par mois sur Spotify (plateforme reine de streaming musical) et ses clips dépassent le milliard de vues cumulées.