Le séisme, une occasion pour Damas de sortir de son isolement diplomatique ?

Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, le régime de Damas est sous sanctions internationales et isolé de la communauté internationale. Le séisme pourrait être une occasion de normaliser son régime avec le reste du monde arabe, selon certains analystes. 
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Le président syrien Bachar el-Assad  durant les élections présidentielles, dans la ville de Douma, près de Damas, en Syrie, le 26 mai 2021.
Le président syrien Bachar el-Assad  durant les élections présidentielles, dans la ville de Douma, près de Damas, en Syrie, le 26 mai 2021.
AP/Hassan Ammar
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Depuis le séisme meurtrier qui a dévasté la Syrie et la Turquie, des pays arabes ont repris contact et envoyé de l'aide au président Bachar al- Assad, qui pourrait profiter du drame pour sortir de son isolement diplomatique, estiment des analystes.

"La terrible tragédie qui a frappé la Syrie et la Turquie constitue une claire opportunité pour Bachar al-Assad", qui va "essayer de faire progresser le processus de normalisation de son régime avec le reste du monde arabe", déclare l'analyste Nick Heras. Mais "cette crise humanitaire n'exonèrera pas son régime aux yeux des pays occidentaux", ajoute le chercheur au New Lines Institute.

Quelques heures après le séisme de lundi 6 février, le président syrien a reçu un appel de son homologue égyptien qui lui a présenté ses condoléances, premier contact entre les deux hommes depuis l'accession de Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir en 2014.

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Le président Assad est ostracisé par plusieurs pays arabes depuis que son pays a été exclu de la Ligue arabe fin 2011, après le début du soulèvement populaire contre le régime qui a dégénéré en guerre civile.

Les Emirats arabes unis, premier pays du Golfe à avoir rétabli ses relations avec le régime, ont déjà promis une aide d'au moins 50 millions de dollars et envoyé des avions chargés d'aide humanitaire.

Le roi de Bahreïn a de son côté appelé le président Assad lundi, premier contact officiel en plus de dix ans entre les deux hommes.

Le Liban, qui dit maintenir une politique de distanciation vis-à-vis du conflit syrien, a également envoyé une délégation à Damas, pour la première visite officielle de haut niveau depuis le début du conflit.

"Saisir l'opportunité" 

L'aide humanitaire pourrait ouvrir la voie à "un canal pour un engagement diplomatique durable", estime Nick Heras. Mais Aron Lund, membre du groupe de réflexion Century International, se veut prudent.

"Il s'agit de messages routiniers que ces dirigeants adresseraient à n'importe quel autre chef d'Etat après une catastrophe naturelle majeure", selon lui.

Il estime cependant que le président syrien "va essayer de saisir l'opportunité actuelle", d'autant plus que la crise pourrait faciliter des contacts bilatéraux entre Damas et des États jusqu'ici réticents à la normalisation.

Les fonds iront bien sûr au peuple syrien, pas au régime Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine

L'Arabie saoudite, qui a rompu ses liens avec Damas en 2012 et soutenu l'opposition au début du conflit, a ainsi promis une aide, y compris aux zones contrôlées par le gouvernement.

Une source au Centre d'aide humanitaire et de secours du roi Salmane a déclaré que l'aide serait envoyée directement à l'aéroport international d'Alep, tenu par le régime, ainsi qu'au Croissant-Rouge syrien à Damas, précisant toutefois qu'il n'y avait pas de canaux directs avec le gouvernement d'Assad.

Le Qatar, accusé d'avoir financé l'opposition armée à Assad et qui n'a pas encore normalisé ses relations, a lui aussi rapidement promis son aide.

Le séisme pourrait par ailleurs accélérer le dégel des relations en cours depuis quelques mois entre Damas et Ankara, qui soutient les rebelles dans le nord-ouest du pays, selon Aron Lund.

"Les deux pays ont désormais en commun un problème qui va-au delà des frontières et des désaccords politiques", estime-t-il.

Aide occidentale 

Les efforts du régime pour sortir de son isolement sont loin d'être cantonnés au monde arabe.

Damas qualifie la guerre civile de complot fomenté par les Occidentaux, visant à renverser le régime syrien, et affirme que la crise économique est liée aux sanctions internationales qui frappent le pays depuis 2011. L'ambassadeur syrien aux Nations unies Bassam Sabbagh a annoncé que son pays était prêt "travailler avec ceux qui veulent aider les Syriens".

Le chef de la diplomatie syrienne, Fayçal Moqdad, a affirmé que le régime était prêt à "faciliter" l'arrivée de l'aide des organisations internationales. Le Croissant-Rouge syrien a de son côté appelé à l'aide l'Agence américaine pour le développement (USAID).

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Et mercredi 8 février, la Syrie a sollicité l'aide de l'Union européenne pour des secours, a annoncé le commissaire européen Janez Lenarcic, encourageant les États membres de l'UE à apporter cette assistance.

Il dans le même temps souligné "l'importance de s'assurer" que l'aide ne sera "pas détournée".

Les États-Unis ont pour leur part indiqué travailler avec des ONG locales en Syrie pour venir en aide aux victimes, refusant tout contact avec Damas. "Les fonds iront bien sûr au peuple syrien, pas au régime", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.