Le sommet suisse sur la paix réaffirme l'intégrité de l'Ukraine et appelle à associer la Russie

La vaste majorité des pays réunis au premier sommet sur la paix en Ukraine ont réitéré leur soutien à l'indépendance et la souveraineté territoriale de l'Ukraine. Ils ont aussi reconnu que la Russie devra être partie prenante des discussions pour arriver "à une paix durable et juste".

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Viola Amherd, la présidente fédérale suisse, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, le président chilien, Gabriel Boric et Nana Akufo-Addo, président du Ghana.

Viola Amherd, la présidente fédérale suisse, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, le président chilien, Gabriel Boric et Nana Akufo-Addo, président du Ghana. 

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Plus de deux ans après l'invasion russe, la très grande majorité de la centaine de participants rassemblés depuis samedi 15 juin au centre de la Suisse est parvenue à s'entendre sur un communiqué final. Il dessine des pistes pour mettre fin au plus grand conflit européen depuis la Seconde Guerre mondiale.

Impliquer la Russie ? 

Mais la question de "comment et quand impliquer la Russie" reste ouverte, a reconnu la présidente de la Confédération helvétique et hôte du sommet, Viola Amherd. 

Selon un décompte diffusé sur un écran officiel en salle de presse, environ 80 pays soutiennent la déclaration finale. Le Brésil, l'Inde, l'Arabie saoudite notamment n'en faisaient pas partie, en début d'après-midi.

Le texte réaffirme "les principes de souveraineté, d'indépendance et d'intégrité territoriale de tous les États, y compris l'Ukraine". Il dénonce "la militarisation de la sécurité alimentaire".

(Re)voir : Ukraine : dernier jour du Sommet pour la paix en Suisse

Il appelle aussi "à impliquer toutes les parties" au conflit pour faire cesser les hostilités, alors que la Russie et son allié chinois ont snobé ce premier sommet.

Le président ukrainien a exprimé l'espoir de fédérer la communauté internationale autour d'une proposition de paix qu'il pourrait éventuellement présenter à Moscou. 

"Nous devons décider ensemble de ce que signifie une paix juste pour le monde et de la manière dont elle peut être réalisée de manière durable", a-t-il déclaré samedi 15 juin.

Le sommet se tient alors que l'Ukraine est en difficulté sur le plan militaire. L'appel à la reddition lancé la veille du sommet par le président Vladimir Poutine a toutefois été rejeté sèchement par une majorité des participants.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé dimanche que l'Ukraine devrait "réfléchir" à la proposition du président russe, assurant qu'il ne s'agissait pas d'un "ultimatum" mais "d'une initiative de paix qui tient compte des réalités du terrain".

(Re)voir : Sommet de la paix : au chevet de l'Ukraine

Libération des prisonniers 

Les discussions en Suisse se basent sur les points du plan de paix de Volodymyr Zelensky (présenté fin 2022) qui font consensus et sur les résolutions de l’ONU. 

Le succès diplomatique du sommet vient s'ajouter notamment au déblocage de l'aide militaire américaine, après des mois de tergiversation et d'un prêt de 50 milliards de dollars garanti par les avoirs russes gelés.

Le communiqué final exige la libération "par échange complet" des prisonniers de guerre mais aussi "de tous les enfants ukrainiens déportés et illégalement déplacés". 

"Nous avons vu environ 20 000 enfants ukrainiens enlevés à leur famille, à leur communauté et à leur pays. C'est terrifiant de dire cela, et comment le monde peut-il tourner le dos?", s'est indigné le Premier ministre irlandais Simon Harris.

Le texte réclame aussi que tous les civils ukrainiens illégalement détenus soient "rendus à l'Ukraine".

(Re)lire : Sommet pour la paix en Ukraine : des dizaines de hauts dirigeants ce week-end en Suisse

Enjeu de sécurité alimentaire

Dimanche 16 juin, les délégations se sont divisées en groupes de travail sur des sujets pressants : la sécurité nucléaire ou la sécurité alimentaire mondiale notamment, en assurant la liberté de navigation en mer Noire. 

Les discussions sur la sécurité alimentaire ont porté sur la crise de la production et des exportations agricoles. Elle a créé un choc alimentaire et inflationniste au début de la guerre, l'Ukraine étant l'un des greniers à céréales du monde. 

Le communiqué final souligne que "la sécurité alimentaire ne doit être en aucune manière être militarisée" et qu'il faut garantir la liberté de navigation sur la mer Noire et la mer d'Azov.

Les discussions portaient non seulement sur les destructions de terres fertiles, mais également sur les risques posés par les mines et les munitions non explosées. 

"Trouver une solution politique en Ukraine reste crucial pour stabiliser les prix alimentaires sur le marché mondial", a souligné la Suisse. 

(Re)lire : Le premier Sommet pour la paix débute en Suisse

Risque nucléaire

Le communiqué final appelle par ailleurs l'Ukraine à avoir un "contrôle souverain total" sur la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande centrale nucléaire d'Europe. 

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a mis en garde à de nombreuses reprises contre le risque d'une catastrophe nucléaire majeure dans cette installation contrôlée par les forces russes.

"Les centrales et installations nucléaires ukrainiennes, y compris la centrale nucléaire de Zaporijjia, doivent fonctionner en toute sécurité sous le contrôle souverain et total de l'Ukraine", indique le communiqué.

Pour le président français Emmanuel Macron, c'était l'une des priorités du sommet. Un deuxième sommet de la paix est déjà évoqué et les Ukrainiens ont laissé entendre qu'ils voyaient la Russie y participer. 

"La prochaine conférence ne devrait absolument pas se dérouler sans la Russie. Nous devons parler à l'ennemi", estime la présidente slovène, Natasa Pirc Musar, rejointe par le Kenya, l'Arabie saoudite ou la Turquie. Emmanuel Macron a lui aussi appelé à "élargir le cercle des pays" autour de la table des discussions.

Mais aux yeux de la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, Vladimir Poutine "n'est pas intéressé par la paix".