Fil d'Ariane
Michael Waltz, ici le 16 mai 2024 devant le Congrès.
Donald Trump veut la paix en Ukraine. A tout prix. Que va-t-il tenter dans les prochaines semaines, avant même son investiture le 20 janvier 2025? La réponse est dans les mains des trois hommes qu'il vient de nommer à la tête de l'appareil militaire américain.
Ils formeront bientôt le trio le plus redouté de la planète, les gladiateurs de Trump. C’est à ces trois hommes, nommés consécutivement mardi 12 novembre, juste avant sa rencontre ce mercredi avec Joe Biden à Washington, que le président élu entend confier les clefs de la puissance extérieure américaine après son investiture, le 20 janvier 2025.
Dans leur ligne de mire en priorité? Une solution négociée à la guerre en Ukraine, que Trump a promis de faire cesser dès son arrivée au pouvoir. Quitte à tordre le bras de ses alliés européens. Et ce, malgré les garanties que devrait réitérer ces jours-ci l’actuel secrétaire d’Etat Antony Blinken, attendu à Bruxelles. Qui sont ces gladiateurs?
Mike Waltz, le gladiateur de la Maison-Blanche
Encore un politicien de Floride nommé à un poste décisif! Après Susie Wiles, future Chief of Staff et en attendant Marco Rubio, le sénateur de Floride pressenti pour le poste de secrétaire d’Etat, Mike Waltz, 50 ans, sera le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. Il remplacera le très diplomate Jake Sullivan, familier de tous les dirigeants européens.
Comme beaucoup de nominés de la future administration Trump, Mike Waltz est un vétéran, ancien colonel des forces spéciales au sein desquelles il a servi plus de vingt ans, déployé au combat en Afghanistan, puis en Irak. Il était élu de la Floride à la Chambre des Représentants, où il siégeait à la fois dans la Commission des Affaires étrangères et au sein du comité chargé du renseignement.
Mike Waltz sera l’interface entre le président et le monde. Il aura la main sur tous les dossiers militaires et diplomatiques. Trump en avait épuisé quatre lors de son premier mandat: les généraux Kelly et Mc Master, le diplomate John Bolton et le juriste Robert O’Brien.
John Ratcliffe, le gladiateur du renseignement
Cet homme est un survivant de la précédente administration Trump. John Ratcliffe, 59 ans, ancien élu républicain du Texas, occupait à la fin du premier mandat de Trump les fonctions de coordinateur national du Renseignement. Le revoici à la tête de la CIA, la Central Intelligence Agency qui emploie la bagatelle de 22'000 personnes (officiellement).
Images de John Ratcliffe, directeur national du renseignement, le 12 décembre 2020.
La performance mise en avant par le président élu pour justifier sa nomination n’est toutefois pas un fait d’armes d’espionnage. C’est sa loyauté qui est récompensée. Le communiqué signé Trump-Vance est clair: «Qu’il s’agisse d’exposer la fausse collusion russe, manipulation de la campagne Clinton ou de mettre au jour les abus du FBI en matière de libertés civiles devant la Cour FISA, John Ratcliffe a toujours été un guerrier de la vérité et de l’honnêteté auprès du public américain.»
Et d'ajouter: «Lorsque 51 agents des services de renseignement mentaient au sujet de l’ordinateur portable de Hunter Biden (le fils de l’actuel président mis en cause pour ses liens avec l’Ukraine), il y en avait un, John Ratcliffe, qui disait la vérité au peuple américain». La loyauté: plus que jamais le mot-clé.
Pete Hegseth, le gladiateur du Pentagone
Les dernières prestations de Pete Hegseth, 44 ans, n’avaient rien de militaire. C’est devant les caméras de Fox News, la chaîne de télévision conservatrice pro-Trump, que ce vétéran de l’Irak, de l’Afghanistan et de la base de Guantanamo à Cuba commentait les affaires internationales.
Pete Hegseth lors d'une remise de prix lors d'une émissuon de Fox News le 16 novembre 2023 à Nashville Tennesse.
D'ailleurs, 30 individus condamnés pour avoir participé aux attentats du 11 septembre 2001 sont toujours enfermés dans la base américaine à Cuba. Un juge militaire vient de refuser d’entendre la reconnaissance de culpabilité du prétendu cerveau de l'opération Khalid Sheikh Mohammed.
Pete Hegseth sera désormais ministre de la Défense, en remplacement du Général afro-américain Lloyd Austin. Pour lui aussi, le communiqué de Donald Trump est éloquent: «Son récent livre 'The War on Warriors', a passé neuf semaines sur la liste des best-sellers du 'New York Times'. Cet essai révèle la trahison de nos guerriers par la gauche et explique comment nous devons ramener notre armée à la méritocratie, à la responsabilité et à l’excellence. Pete Hegseth sera un champion courageux et patriotique de notre politique de 'la paix par la force'.
Steven Witkoff et Mike Huckabee, en bonus
Deux autres membres de la future administration accompagneront ces gladiateurs sur l’autre théâtre clé pour Donald Trump: celui du Moyen-Orient. Le magnat de l’immobilier New Yorkais Steven C. Witkoff sera envoyé spécial du président pour le Moyen-Orient. L’ancien gouverneur de l’Arkansas Mike Huckabee sera ambassadeur des Etats-Unis en Israël. Tous deux sont évidemment, comme Trump, des défenseurs zélés et radicaux de l’État hébreu qu’ils ont encouragé, depuis le début de la guerre à Gaza, à faire disparaître le Hamas et le Hezbollah. Mike Huckabee s'est même dans le passé prononcé pour la colonisation de la Cisjordanie. «L'annexion de la Judée et de la Samarie - l'appelation utilisée par l'extrême-droite israélienne - est « bien sûr » une possibilité» avait-il déclaré.
Retrouvez les articles de Richard Werly sur Blick au coeur de la campagne américaine :
https://www.blick.ch/fr/monde/elections-americaines/