Fil d'Ariane
L'ancien président suisse Alain Berset a été élu ce 25 juin secrétaire général du Conseil de l'Europe, institution garante de l'État de droit sur un continent marqué par la guerre en Ukraine et la montée des populismes.
Le président Volodymyr Zelensky accueillant Alain Berset, alors président de la Confédération suisse, lors de la Conférence internationale sur les céréales à Kiev le 25 novembre 2023.
Alain Berset, 52 ans, a été élu au second tour par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) avec 114 voix, contre 85 pour l'Estonien Indrek Saar, ancien ministre de la Culture, et 46 pour le Belge Didier Reynders, commissaire européen sortant à la Justice, selon une porte-parole du Conseil.
Voir Suisse : Alain Berset va quitter ses fonctions gouvernementales
Il prendra ses fonctions le 18 septembre, date à laquelle il succèdera à la Croate Marija Pejcinovic Buric, dont le mandat a été marqué par la guerre en Ukraine et l'exclusion historique de Moscou du Conseil de l'Europe, en mars 2022.
Dans une conférence de presse tenue après son élection, Alain Berset s'est dit "très heureux" de la confiance accordée par l'APCE, appelant à "continuer le travail pour avoir des valeurs démocratiques autour de l'Etat de droit et des droits de l'homme qui soient aussi forts que possible". Il a également évoqué comme "première priorité" un "soutien fort à l'Ukraine", "pas seulement" pour le pays mais aussi "pour l'ensemble du continent", "pour les valeurs démocratiques", "l'État de droit" et les "droits de l'homme".
"Le Conseil fédéral" suisse "se félicite de l'élection" d'Alain Berset, a déclaré sur X la présidente de la Confédération et ministre de la Défense, Viola Amherd. "Un nouveau chapitre pour le Conseil de l'Europe", a réagi, également sur X, la représentation française auprès de l'institution.
Alain Berset était l'un des responsables politiques les plus populaires de Suisse quand il a pris tout le monde par surprise au moment de l'annonce de son départ du Conseil fédéral à la fin de l'année 2023. Pendant 12 ans, ce membre du Parti socialiste a tenu le portefeuille des Affaires intérieures au sein du gouvernement fédéral suisse.
C'est à ce poste, qui recouvre les questions de santé, qu'il a dû gérer la plus grave crise de sa carrière: la pandémie de Covid-19. Au plus fort de cette crise, il avait été menacé de mort et mis sous protection policière, chose rarissime en Suisse.
Alain Berset a occupé par deux fois la présidence tournante de la Confédération helvétique en 2018 et en 2023, poste essentiellement protocolaire d'un an que les conseillers fédéraux cumulent avec leur ministère.
En août 2023, il avait aussi défrayé la chronique en devenant le premier conseiller fédéral a se joindre à la Street parade de Zurich, l'un des plus importants festivals techno du monde, où il avait été aperçu défilant sur un char, coiffé d'un large panama, le cou orné d'un boa rouge vif et une canette de bière à la main.
Marié et père de trois enfants, Alain Berset est né le 9 avril 1972 à Fribourg (centre-ouest de la Suisse). Licencié en sciences politiques, il est également docteur en sciences économiques.
Il va prendre les rênes d'une institution à un moment où le continent européen, déjà profondément marqué par la guerre en Ukraine, connaît une montée des nationalismes et des populismes.
Voir Union européenne : vers une montée de l'extrême droite ?
Lors d'une rencontre avec la presse la semaine dernière, Marija Pejcinovic Buric s'en était ouvertement inquiétée : "on voit très bien en Europe et autour du monde qu'il y a des nationalismes extrêmes, des populismes et des mouvements anti-droits qui tirent le monde ou l'Europe vers l'état sauvage", avait-elle déclaré.
Elle avait également indiqué que l'organisation aiderait "au niveau des experts" à la mise en place d'un "tribunal spécial pour le crime d'agression" afin de juger l'attaque russe contre l'Ukraine. Après la mise en place d'un "registre" des destructions russes en Ukraine, qui a commencé à fonctionner à La Haye en avril, le Conseil de l'Europe commencera à discuter en juillet avec le gouvernement néerlandais de la création d'un mécanisme de compensation pour les victimes ukrainiennes.
Fondé en 1949 à Strasbourg, le Conseil de l'Europe, qui fête cette année ses 75 ans, réunit 46 pays depuis l'exclusion de la Russie en 2022 à la suite de l'invasion de l'Ukraine.