L'électeur allemand qui se rendra aux urnes ce dimanche 22 septembre 2013 votera deux fois. La première pour un candidat de sa circonscription, l'autre pour la liste d'un parti. La première moitié des députés au Bundestag est élue à la majorité ; l'autre à la proportionnelle. C'est ce nouveau Parlement qui, une fois constitué, élira le chancelier. Gros plan sur cette particularité du système électoral allemand, conçu à l'origine pour conjurer les dérives de l'Histoire.
Comme tous les quatre ans, 62 millions d'électeurs allemands s'apprêtent à renouveler leurs quelque 600 représentants au Bundestag. Un vote ouvert à tout citoyen allemand de plus de 18 ans résidant depuis au moins trois mois en Allemagne, et qui se déroule en deux volets : une voix pour un candidat, une voix pour une liste. Rien n'empêche un électeur de choisir un parti politique différent pour chacune de ses deux voix.
299 députés élus au suffrage direct
La première voix (en noir, à gauche sur le bulletin ci-contre) reflète le choix personnel de l'électeur pour un candidat particulier dans sa circonscription. Tout candidat qui réunit une majorité relative des électeurs est assuré d’être élu dans sa circonscription et de siéger au Bundestag.
299 députés, au moins, élus à la proportionnelle La deuxième voix (en bleu, à droite sur le bulletin ci-contre) est un plébiscite pour la liste d’un parti politique. Elle permet de désigner environ 300 autres députés selon le système proportionnel. Seuls sont admis au Bundestag les partis ayant obtenus au moins 5% des suffrages exprimés, soit trois députés. Le nombre de députés varie d'une législature à l'autre, puisque le nombre d'élus à la proportionnelle varie en fonction des résultats pour permettre la plus juste représentation possible des partis. Ils étaient 315 en 2005 et 323 en 2009.
Conjurer les vieux démons
30 janvier 1933 : Adolf Hitler est élu chancelier d'Allemagne. Comment en était-on arrivé là ? Outre le contexte économique désastreux, c'est la multiplication des petits partis au Reichstag à la faveur d'un système proportionnel intégral qui avait perdu de la République de Weimar et permis l'émergence du parti nazi. D'où l'introduction d'une proportionnelle avec un seuil de 5%, qui permet aux partis minoritaires d’être représentés au Bundestag, tout en cantonnant les petites formations extrémistes au-dessous de la barrière nécessaire pour être représenté au Parlement. Objectif : éviter un morcèlement de l'électorat entre une myriade de micropartis et autoriser l'émergence d’un gouvernement stable, capable de gouverner.
Le modèle électoral mixte remonte à l'élection du premier Bundestag, en mai 1949, pour remplacer le Reichstag de sinistre mémoire. Il a survécu à la réunification des deux Allemagne, en 1989, alors que la République démocratique allemande renonçait à l'ancienne Volkskammer.
L'arithmétique des élections
Répartition des 620 sièges de l'assemblée issue des législatives de 2009
L’une des spécificités électorales allemandes reste les grandes tractations des lendemains d’élections pour former une coalition apte à gouverner. Avec le système mixte, et sa composante proportionnelle, il est presque impossible pour un parti politique de gouverner seul. Cela n’est arrivé qu’une fois, en 1957, lorsque les alliés de toujours CDU/CSU ont obtenu une majorité absolue. A l'issue du débat télévisé du 1er septembre 2013, 52 % des indécis ont préféré la prestation de Peer Steinbrück (SPD) à celle d'Angela Merkel (CDU), qui partait pourtant grande favorite. Voici des mois que la CDU enchaîne les échecs aux élections régionales. Et en 2009, la chancelière ne l'avait emporté que de justesse et avait dû former une grande coalition avec le SPD. Autant dire que le 22 septembre n'est pas encore perdu pour Peer Steinbrück. Car même si la gauche ne l'emporte pas, elle pourrait aussi s'allier au FDP pour former une coalition majoritaire.
Résultats 2009 par circonscription (1er vote, pour le candidat individuel)
Bulletin de vote (législatives 2005)
“Vous avez deux voix“En noir : le candidat de la circonscription En bleu : une liste de parti (@Wikicommons)