Fil d'Ariane
La campagne pour les législatives au Portugal s'est achevée ce vendredi 8 mars. L’élection pourrait mettre fin à huit années de gouvernement socialiste. L'opposition de centre droit a une légère avance dans les sondages, qui anticipent par ailleurs une forte progression des populistes.
Sur le panneau publicitaire, l'affiche des législatives d'Andre Ventura, chef du parti populiste et d'extrême droite Chega. Lisbonne, Portugal lundi 4 mars 2024.
Sous les averses, juste avant la fin de la campagne, les principaux partis ont concentré leurs dernières efforts dans la région de Lisbonne. Leur objectif : convaincre les nombreux électeurs toujours indécis avant le scrutin de dimanche 10 mars, qui sera précédé la veille d'une "journée de réflexion".
"Cette élection est très importante car elle peut marquer un tournant vers une certaine convergence du Portugal avec le panorama des partis en Europe", observe la politologue Marina Costa Lobo, la directrice de l'Institut des sciences sociales de l'Université de Lisbonne (ICS).
À trois mois des élections européennes, ces élections législatives ont lieu dans un contexte marqué par "un déclin de la social-démocratie, un renforcement de la droite et, surtout, un renforcement de l'extrême droite qui pose ses conditions à la droite modérée pour la formation du gouvernement", explique encore Marina Costa Lobo à l'AFP.
L'extrême droite portugaise, précise cette analyste, est portée par un discours antisystème contre la corruption et les minorités, ainsi que par "une certaine nostalgie" du régime dictatorial renversé par la "Révolution des Œillets", dont le Portugal célébrera le mois prochain le 50e anniversaire.
Après la publication des dernières enquêtes, l'agrégateur de sondages de la Radio Renascença créditait l'Alliance démocratique de centre droit de 32,6% des intentions de vote, contre 27,9% pour le Parti socialiste. En embuscade, le jeune parti d'extrême droite Chega pourrait réaliser une nouvelle percée et confirmer son statut de troisième force politique du pays, avec 16,8% des suffrages, après un score de 7,2% aux précédentes législatives.
Andre Ventura, à droite, chef du parti d'extrême droite portugais Chega lors de la campagne pour les législatives. Lisbonne, Portugal -23 février 2024.
Le Premier ministre sortant, le socialiste Antonio Costa, 62 ans, qui avait obtenu la majorité absolue en janvier 2022 avec 41,4% des voix, a provoqué ces élections en démissionnant fin novembre. Il a refusé de briguer un nouveau mandat, après avoir été cité dans une enquête pour trafic d'influence.
Pris de court par le départ d’Antonio Costa, le Parti socialiste s'est rassemblé autour de
Pedro Nuno Santos, chef du Parti socialiste portugais, salue ses partisans lors du meeting de clôture de la campagne électorale. Almada, sud de Lisbonne - vendredi 8 mars 2024.
, un ancien ministre âgé de 46 ans issu de son aile gauche. "Avec un nouveau timonier, nous allons prendre un nouvel élan et poursuivre la voie entamée en 2015", a déclaré le chef du gouvernement sortant, plus présent en cette fin de campagne difficile pour les socialistes.
"Il faut concentrer nos voix sur le PS, car ce parti sera toujours un port d'abri pour les Portugais", a pour sa part affirmé Pedro Nuno Santos, qui a eu du mal à défendre le bilan de Antonio Costa tout en promettant de faire mieux que lui.
Son bilan "positif" en matière de finances publiques, de croissance ou d'emploi "ne se reflète pas dans la qualité de vie des Portugais à cause de l'inflation, des bas salaires ou des problèmes de fonctionnement de l’État", en particulier dans la santé et l'enseignement, note néanmoins la politologue Marina Costa Lobo.
Dans son dernier meeting de campagne, le chef de l'opposition de centre droit, Luis Montenegro, a appelé les électeurs à "inverser le cap du pays" en se posant comme le seul candidat capable d'"unir le Portugal".
Luis Montenegro, chef de la coalition de centre-droit au Portugal, aux côtés de et son épouse, lors du rassemblement de clôture de la campagne électorale. Lisbonne, le vendredi 8 mars 2024.
Plus confiant à mesure que s'approchait le jour du vote, ce parlementaire chevronné de 51 ans ne faisait pourtant pas l'unanimité dans son propre camp. Il a notamment fait le pari de refuser d'emblée de gouverner avec le soutien de l'extrême droite, au risque de se retrouver dans une impasse s'il n'est pas en mesure de former une coalition majoritaire sans elle. "Non, c'est non", a-t-il répété à longueur de débats et d'interviews.