Angela Merkel, la candidate chancelière
C’était le 18 septembre dernier devant la presse. Angela Merkel indiquait comment soutenir la reprise économique : « Si nous obtenons plus de croissance, on pourra ensuite mieux rembourser les dettes que nous avons faites. Ce délestage génèrera de la croissance et la croissance conditionnera des emplois. C’est cela l’équation que nous avons en tête ». Angela Merkel a ensuite promis une baisse de l’impôt sur le revenu, en assurant que cette diminution va permettre d’augmenter les recettes fiscales. À 55 ans, la chancelière sortante a choisi dit-on une recette à « la Konrad Adenauer », l’un de ses prédécesseurs qui a redonné confiance à l’Allemagne de l’après-guerre. Les sondages la créditent d’une confortable victoire au soir du 27 septembre, 35% d’intentions de vote selon les dernières estimations datant du 20 septembre. Celle qui représente avant tout son parti, l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU, Christlich Demokratische Union Deutschlands) veut prolonger la durée de vie des centrales nucléaires au delà de 2020 (au grand dam des écologistes qui avaient réussi à arracher la sortie de l’Allemagne du nucléaire à cette même date). En ce qui concerne l'Afghanistan, la CDU et le SPD ont décidé de ne pas en faire un sujet de campagne. Mais un récent bombardement de l'OTAN à la demande d'un commandant allemand a fait 56 morts et a soulevé le débat sur la présence de l'Allemagne en Afghanistan. Frank-Walter Steinmeier (ministre des Affaires Étrangères) annonce alors l'imminence d'un plan de retrait des troupes allemandes dans 4 ans. Et entre autre projets, elle souhaite former une coalition plus traditionnelle avec les libéraux de Guido Westerwelle ; la coalition dirigeante actuelle, plus inattendue, se compose de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU, le parti conservateur de droite), de l’Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU, Christlich-Soziale Union in Bayern, le parti de centre droit) et du Parti social-démocrate d’Allemagne (SDP, Sozialdemokratische Partei Deutschlands).
Frank-Walter Steinmeier, porte-drapeau du SPD
L’actuel ministre fédéral des Affaires Étrangères est également vice-chancelier depuis novembre 2007. Il entre dans le gouvernement d’Angela Merkel à la faveur de la grande coalition formée en 2005 par la chancelière élue. Le candidat du Parti social-démocrate d’Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands) est crédité de 26% d’intentions de vote dans les derniers sondages (20 septembre). Steinmeier a du mal à séduire les électeurs indécis de son bord politique. La faute aux diatribes de Die Linke, l’autre parti phare de gauche, qui fustige régulièrement la politique du gouvernement auquel appartient Steinmeier. À 53 ans, ce natif du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, tente tant bien que mal d’imposer son discours. Le sujet qui lui est cher reste l’adoption du salaire minimum national en Allemagne. Le candidat du SDP trouve scandaleux que de nombreux Allemands travaillent très dur pour des salaires bas. Son parti insiste aussi sur une limitation claire des primes des dirigeants d'entreprises. Il remet cependant en cause l’intention d’Angela Merkel de baisser les impôts alors que l’Allemagne est très endettée. Steinmeier juge "irresponsable" de la part des conservateurs d'envisager de prolonger certaines centrales nucléaires au-delà de 2020. En sa qualité de ministre fédéral des Affaires Étrangères, il prépare un plan de retrait des troupes allemandes d'Afghanistan d'ici 4 ans. Le candidat du SPD s’est toutefois gardé d’évoquer d’éventuelles alliances à l’issue des élections.
Oskar Lafontaine, Gregor Gysi, les têtes qui portent la gauche de la gauche
C’est un duo qui représente le parti de gauche Die Linke aux législatives de 2009. Oskar Lafontaine l’ex-SDP et ancien ministre des Finances dans le gouvernement du chancelier Gerhard Schröder. Il copréside (avec Lothar Bisky) Die Linke, fondé en 2007. Gregor Gysi est chef de file de Die Linke au Bundestag. Entré au parti communiste est-allemand en 1967, il fait réellement ses débuts sur la scène politique en 1989 lors de la chute du mur de Berlin. Âgés respectivement de 66 ans et 61 ans, le duo incarne une fusion Est-Ouest, à l’image de leur formation politique classée à gauche de la gauche allemande. Die Linke fait une montée en puissance depuis quelques mois, fort de ses récents succès électoraux. Son programme tient en plusieurs points dont "taxer les riches pour aider les pauvres". Ce parti qui représente la gauche radicale a toujours prôné un retrait des troupes allemandes d’Afghanistan.
Renate Künast et Jürgen Trittin, le duo écolo
Les deux candidats des Verts – les Grünen -, anciens ministres de l’environnement du gouvernement de Gerhard Schröder, ne sont pas peu fiers de rappeler les succès de leur parti qui a négocié la sortie de l’Allemagne du nucléaire lorsqu’ils étaient aux affaires. Le duo de choc des Verts se désole que « l'Allemagne qui était pionnière en matière de lutte contre le réchauffement climatique, soit devenue un frein. » Les Verts promettent de créer un million d'emplois, grâce aux technologies écologiques. Un domaine où, selon eux, la coalition CDU-SPD a échoué. À la veille du scrutin, les verts sont crédités de 13% d’intentions de vote.
Guido Westerwelle, chef des libéraux du FDP
À 48 ans, le sémillant et médiatique Guido Werterwelle a bien l’intention de faire de son parti, une formation politique populaire. Son leader ne cache pas sa détermination à ancrer son parti au centre-droite. Le Parti libéral-démocrate FDP (Freie Demokratische Partei) s’est requinqué grâce à trois succès électoraux aux régionales d’août 2009. Courtisé par les conservateurs de la CDU (l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne), Guido Westerwelle se voit bien au poste de vice-chancelier d’Angela Merkel. Les fondamentaux libéraux sont bien présents dans son programme : moins d’impôts, et soutien à la classe moyenne. À deux semaines des élections, les sondages le créditaient de 14% d’intentions de vote. Concernant l'Afghanistan, le FDP a estimé qu’il fallait « mettre au point un projet précis pour voir comment retirer l’armée allemande (de l’Afghanistan) dans les années à venir ».