Cinq mois après des élections générales, les Israéliens retournent aux urnes dans un scrutin qui ressemble à un référendum pour ou contre un Benjamin Netanyahu affaibli, submergé par des affaires de corruption. Lui-même prévoit un "scrutin très serré" et pousse les gens à aller voter. Son principal adversaire, Benny Gantz, appelle à voter pour "l'espoir", contre la "corruption" et "l'extrémisme".
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a appelé à des élections anticipées après avoir échoué à former une coalition gouvernementale avec une majorité viable après le vote des législatives du 9 avril.
Les sondages finaux avaient mis son parti de droite, le Likoud, au coude à coude avec son principal adversaire, le parti centriste" Bleu et Blanc", aux couleurs du drapeau israélien, dirigé par l'ancien chef militaire Benny Gantz.
Les petits partis pourraient donc avoir leur mot à dire dans le résultat final. Les négociations sur la formation d'une nouvelle coalition devraient débuter dès que le scrutin se termine à 22h00 (19h00 GMT) et que les sondages à la sortie des bureaux de vote seront publiés.
Quid il y a 5 mois ?
En avril dernier, le Likoud et les "Bleus et Blancs" avaient remporté chacun 35 sièges au sein de la Knesset, qui compte 120 sièges. Benjamin Netanyahu avait alors déclaré la victoire et il était apparu qu'il serait en mesure d'obtenir une majorité avec le soutien de partis de moindre importance et de partis religieux.
Mais après plusieurs semaines chaotiques, la tentative de formation de la coalition s’est effondrée.
Match retour ?
Le "match retour" serait-il désormais engagé ?
Quelque 6,4 millions d'électeurs sont conviés dans les 10.700 bureaux de vote pour ce qui apparaît pour beaucoup comme un nouveau duel entre Benjamin Netanyahu et Benny Gantz.
Affaiblie par les
accusations de corruption, de fraude et d'abus de confiance auxquelles il est confronté dans trois affaires de corruption, en attente d'une audience finale, le Premier ministre joue son va-tout.
Tout au long de la campagne, il a lancé des appels de plus en plus virulents à l'aile droite. La semaine dernière, Benjamin Netanyahou a déclaré qu'il
"appliquerait la souveraineté israélienne" dans la vallée du Jourdain s'il remportait un cinquième mandat sans précédent. L'annonce a été une promesse d'annexer efficacement 30% de la Cisjordanie occupée, ce que les Palestiniens veulent faire partie d'un futur État.
Outre la condamnation internationale, les dirigeants palestiniens ont qualifié le mouvement de crime de guerre qui enterrerait toute perspective de paix.
Et Benjamin Netanyahu d'enfoncer le clou en réitérant également l'engagement pris lors de la dernière élection d'annexer des colonies de peuplement juives en Cisjordanie. Ces colonies étant considérées comme illégales par le droit international, bien qu'Israël le conteste.
Plan Trump
S'affichant sur les affiches de campagne avec le président américain, Benjamin Netanyahu veut croire à un moment historique, porté par le tant attendu "Plan Trump" ou "l'accord du siècle" pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Ce projet évalué à 50 milliards de dollars, initialement rejeté par les Palestiniens, veut "acheter" la paix entre Israéliens et Palestiniens et pourrait être publié peu de temps après les élections.
En face, une alliance centriste de généraux à la retraite se profile.
"Bleu et Blanc" a été fondé en février par Benny Gantz et Yair Lapid, ancien ministre des Finances et dirigeant du parti Yesh Atid. Dans le quotidien en hébreu
Maariv, Benny Gantz a déclaré qu'une victoire pour son parti
"changerait l'orientation du navire de la démocratie israélienne".
Libéral sur les enjeux de société comme le mariage civil, l'ancien général n'en est pas moins un
"faucon" sur les questions sécuritaires.
Quant à sa position sur le projet d'annexion des colonies juives et de la vallée du Jourdain proposé par Benjamin Netanyahu, elle n'est pas claire. De même Benny Gantz n'a pas dit s'il acceptait ou non l'idée d'un État palestinien, bien qu'il refuse de se retirer de toute la Cisjordanie.
Taux de participation et petits partis
En somme, le taux de participation, la présence des petits partis et le jeu des alliances devraient peser sur le résultat final.
Les derniers sondages n'ont pas révélé de vrai gagnant. Avigdor Lieberman, allié devenu rival du Premier ministre et chef du parti laïc de droite Yisrael Beiteinu, pourrait devenir le faiseur de rois.
C'est lui qui a empêché Benjamin Netanyahu de former une coalition après la dernière élection, parce qu'il avait refusé de céder à un conflit de longue date avec des partis religieux au sujet d'un projet de loi régissant les exemptions du service militaire pour les jeunes hommes ultra-orthodoxes.
Avigdor Lieberman a déclaré que le seul moyen d'aider le retour de Benjamin Netanyahu au pouvoir après le vote de mardi serait que le Likoud accepte un gouvernement d'union laïque et qu'il partage le pouvoir avec "Bleu et Blanc", ce que le Premier ministre a exclu.
En attendant, Benny Gantz comme "Bibi" appellent à aller voter...