L’Egypte bombarde des positions du groupe Etat islamique en Libye

Le président Al-Sissi avait annoncé dimanche que l’Egypte réagirait par tous les moyens qu’elle voulait, après la diffusion ce dimanche d’une vidéo montrant la décapitation de 21 Egyptiens de confession copte. François Hollande et le président égyptien  demandent une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies
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avion de combat
Un avion de combat égyptien le lundi 16 février 2015
(capture écran télévision égyptienne)
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Les représailles


L’armée de l’air égyptienne a bombardé tôt lundi matin des positions de l’Etat islamique en Libye, a annoncé la télévision d’Etat. Les autorités égyptiennes n’ont pas attendu pour frapper l’EI au lendemain de la diffusion d’une vidéo montrant la décapitation de 21 Egyptiens de confession copte. Le Caire a décrété cette semaine un deuil national.

L’opération visait des camps, des sites d’entraînement et des arsenaux de l’EI situés à proximité de la frontière entre l’Egypte et la Libye.

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a affirmé dimanche que l’Egypte se réservait le droit de répondre par tous les moyens qu’elle jugerait nécessaires à l’exécution des 21 coptes par les djihadistes de l’EI en Libye. Les autorités égyptiennes ont convoqué d’urgence dimanche soir le Conseil national de défense. Le président Al-Sissi a juré de punir les «assassins» de la manière «adéquate».

François Hollande et le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi demandent une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies et "de nouvelles mesures" contre l'organisation Etat islamique (EI), après un entretien téléphonique entre les deux chefs d'Etat.
Le président français a renouvelé à son homologue égyptien "l'expression de sa solidarité après l'assassinat de 21 ressortissants égyptiens en Libye" par l'EI, selon le communiqué de l'Elysée publié lundi, jour de la signature au Caire d'un accord bilatéral sur la fourniture par la France d'avions Rafale à l'Egypte.

Le président égyptien avait souhaité joindre d'urgence lundi matin M. Hollande, premier chef d'Etat étranger à s'entretenir avec lui après l'assassinat des otages égyptiens de "Daech" en Libye, selon l'entourage du chef de l'Etat.

En janvier, la branche libyenne de l’EI avait affirmé avoir kidnappé 21 coptes égyptiens en Libye et Le Caire avait confirmé que 20 de ses ressortissants avaient en effet été enlevés dans ce pays voisin lors de deux attaques distinctes. Dimanche, une vidéo a été diffusée par l’Etat islamique montrant la décapitation des coptes.

Abdel Fattah al-Sissi a décrété sept jours de deuil national.

Des images insoutenables

Sur les images diffusées sur des sites internet utilisés par l’EI, des hommes portant des combinaisons orange, semblables à celles d’autres otages exécutés récemment en Syrie par le groupe djihadiste, sont alignés sur une plage les mains menottées dans le dos, avant que leurs bourreaux ne les décapitent.

Au total, un porte-parole de l’Eglise copte, cité par l’agence de presse MENA, a confirmé que 21 fidèles qui avaient été enlevés par les djihadistes étaient décédés. L’Eglise copte a dit avoir confiance dans la volonté du gouvernement de traduire devant la justice les auteurs de ces exécutions.

Al-Azhar, le centre d’études islamiques d’Egypte, a affirmé qu’aucune religion ne pouvait accepter de tels actes.

Des milices islamistes en Libye ont déjà accusé récemment l’Egypte d’avoir envoyé des avions bombarder leurs positions, à Tripoli notamment, ce que Le Caire a nié.

Tripoli proteste

Les autorités au pouvoir à Tripoli, non reconnues par la communauté internationale, ont dénoncé lundi comme une «agression» les raids aériens que l’Egypte affirme les avoir menés en Libye, et condamné une «atteinte à la souveraineté» nationale.

«Nous dénonçons l’agression égyptienne contre Derna», fief des jihadistes dans l’est libyen, et nous la considérons comme une atteinte à la souveraineté libyenne», a indiqué le Congrès général national (CGN, parlement sortant) dans un communiqué lu par son vice-président Awadh Abdelsadek.

Le CGN a dénoncé l’exécution des 21 chrétiens comme un «acte criminel» et a exprimé ses condoléances et sa solidarité avec le peuple égyptien.

Le CGN a été maintenu au pouvoir à Tripoli par la coalition des milices de Fajr Libya qui s’était emparé de la capitale Tripoli cet été, malgré l’expiration de son mandat et l’élection d’un nouveau parlement qui a dû s’exiler dans l’est du pays avec le gouvernement qui en est issu.

Le CGN et son gouvernement parallèle n’ont pas reconnu encore la présence d’EI en Libye, accusant des partisans de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi et le général Khalifa Haftar, d’être derrière cette «propagande» pour justifier une intervention étrangère. Le général Haftar affirme conduire depuis mai une opération militaire pour lutter contre les «groupes terroristes», mais ses détracteurs l’accusent de tenter un coup d’Etat.

Le CGN et la coalition de Fajr Libya avaient déjà accusé en 2014 l’Egypte d’avoir mené des raids à Tripoli et de soutenir le général Haftar. Le Caire avait alors démenti.

Réactions des monarchies du Golfe et de l'Iran

 
Le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane, a vivement dénoncé "ce crime odieux perpétré par le groupe terroriste" EI, dans un communiqué publié par l'agence officielle Wam.
Les Emirats, riche pays pétrolier et l'un des principaux bailleurs de fonds du gouvernement du président Abdel Fattah al-Sissi, "mettent tous leurs moyens au service de l'Egypte pour éradiquer le terrorisme" et réaffirment "leur soutien et leur solidarité totale" avec les Egyptiens.
Le chef de la diplomatie émiratie a parallèlement souligné "la nécessité de soutenir le gouvernement légitime libyen", reconnu internationalement, dans "ses efforts pour rétablir son autorité sur l'ensemble du territoire libyen".
 
A Ryad, le Conseil des ministres saoudien, réuni sous la présidence du roi Salmane, a exprimé sa "vive condamnation du crime perpétré par le groupe terroriste" EI.
 
Doha a également condamné la décapitation des Egyptiens et exprimé, selon l'agence officielle Qna, "la solidarité de l'Etat du Qatar avec le peuple égyptien".
 
A Manama, le roi de Bahreïn, Hamad Ben Issa Al-Khalifa, a dénoncé "le crime ignoble" de l'EI qui est "contraire à toutes les religions et les valeurs" humaines. Il a réaffirmé l'engagement de son pays à "participer avec la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme".
 
L'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmed Al-Sabah, a adressé un message à M. Sissi, stigmatisant "un crime odieux, sans rapport avec une quelconque religion".
 
La porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Marzieh Afkham, a "condamné vivement le crime inhumain du groupe terroriste takfiri Daech", selon le site du ministère.
"Les responsables de cette action terrible (…) ont pour objectif de perturber les relations entre les fidèles des religions monothéistes dans l’intérêt du régime sioniste", a dit la porte-parole.
 
La Jordanie, pour sa part, "condamne cet acte criminel lâche" et appelle à "ce que tous les efforts soient associés pour extirper cette idéologie extrémiste et terroriste", a déclaré le porte parole du gouvernement, Mohammad al-Momeni, dans un communiqué.