Fil d'Ariane
L'Italie et la Libye, c'est une longue histoire... L'Italie était d'ailleurs le dernier pays a encore avoir son ambassade ouverte a Tripoli, ambassade qui vient de fermer ses portes il y a quelques heures. La centaine d'Italiens qui était encore dans le pays rentrera en Sicile dans la journée.
La situation semble se détériorer très vite, ce qui explique pourquoi les autorités italiennes veulent une action conjointe de la communauté internationale. Les Italiens veulent rappeler au monde occidental que la Libye n'est qu'a 200 km de la Sicile et donc de l'Europe. Et si les islamistes prennent le pouvoir, l'Europe est a leur porte.
Jeudi, le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, informera le Parlement de Rome. L'Italie soutient les efforts de l'ONU pour tenter de trouver une solution et réunir les différentes factions libyennes qui pourraient former une union nationale pour s'opposer a l'avancée des jihadistes. Rome propose également une conférence de paix. Et le ministre de la Défense et le ministre des Affaires étrangères disent aussi que l'Italie est prête à combattre et à guider en Libye une coalition de pays pour arrêter la progression des islamistes.
L'Italie, outre les intérêts stratégiques de la zone méditerranéenne, veut aussi défendre des intérêts économiques importants.
L'Eni, la compagnie énergétique italienne est la compagnie occidentale la plus importante sur le sol libyen, et certaines zones les extractions sont évidemment a l’arrêt. Rappelons que la Libye est le pays pétrolier le plus important en Afrique, et le neuvième du monde. 28% du pétrole libyen est exporté vers l'Italie. Les difficultés pour la communauté internationale de trouver une réaction commune au problème libyen pourrait être justement liée a ces intérêts. Mais la menace des jihadistes à 200 km des côtes européennes pourraient mettre tout le monde d'accord.
Reste le problème des migrants. Depuis quelques jours, de nouveau, des dizaines de bateaux chargés de migrants partent des côtes libyennes, direction Lampedusa, et cela aussi inquiète le gouvernement de Rome.
Les autorités italiennes ont des informations qui confirment que le groupe terroriste Etat islamique maîtrise en partie le business de la migration, et il craint que certains terroristes ne se mélangent aux migrants pour organiser des attentats sur le sol italien. L'EI a toujours dit que la prise de Rome est son objectif, en réponse aux croisades...
Valérie Dupont (RTBF)