Les Barbapapa en deuil

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une web Barbapapa
Talus Taylor s'est éteint discrètement. Avec la famille des Barbapapa, il aura fait rêver plusieurs générations de bambins
(montage F.V.)
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Talus Taylor est décédé à 82 ans. Cet Américain était, avec sa femme Anette Tison,  le créateur des Barbapapa, les personnages obèses et colorés,  écolos et rigolos

La nouvelle est tombée dimanche mais le décès de Talus Taylor remonte au 19 février. Le co-créateur des Barbapapa s'en est allé à Paris, la ville de naissance de ces monstres-bonhommes qui ne ménagent pas leurs efforts pour la sauvegarde d'une forêt ou réparer une injustice.

Ils ont pour nom Barbalala, Barbabelle, Barbotine, Barbidur (à ne pas confondre avec Balladur), Barbibul, Barbidou, et Barbouille. Tous devenus maîtres dans l'art du contortionnisme , « se transformant à volonté, ronds ou carrés..." 

Sitôt la nouvelle connue, le dessinateur Joan Sfar a immédiatement décapuchonné son feutre pour rendre hommage à son illustre confrère :

Dans le Figaro, Olivier Delcroix raconte l'étonnante genèse de ces Barbapapa : "La création de Barbapapa s'est faite par hasard dans les jardins du Luxembourg un beau jour de mai 1970. Alors qu'ils se promènent au jardin du Luxembourg, Talus Taylor entend un enfant réclamer à ses parents quelque chose qui s'appelle «Baa baa baa baa». Ne parlant pas français, il demande à son épouse Annette Tyson ce que cela signifie. Elle lui explique qu'il s'agit d'une friandise qui s'appelle la barbe à papa.

Un peu plus tard au restaurant, le couple se met à dessiner sur la nappe un personnage inspiré par la friandise: un personnage rose et tout en rondeur. Lorsqu'il s'agit de lui donner un nom, Barbapapa s'impose tout naturellement."

Talus Taylor et Annette Tison
Talus Taylor et Annette Tison, à Paris en 1982
(capture d'écran)

En 2005, Annette Tison confiera : "On se disait qu'il fallait que ce soit facile à dessiner, par exemple pour un enfant afin  qu'il puisse jouer avec. La forme patate était approriée pour résoudre ce problème !"

"Hulahup ! Barbatruc ! " : le couple a changé les patates en blé  !

Le succès est fulgurant. Puisqu'ils peuvent prendre la forme de tous les objets, les Barbapapa vont dès lors se décliner en livres mais aussi  en dessins animés, coussins, biberons, fauteuils, hochets, serviettes, peluches etc.

L'argent rentre bien. Comme Babar, ces gros pacifistes colorés plaisent. Les années passent, les modes changent, Barbapapa reste.

Les japonais concocteront 52 épisodes d’animation de 5 minutes. 100 pays diffuseront leurs aventures. En France, ils débarquent en 1974 sur la première chaine. Très vite, la chanson devient  un hymne sympa qui résonne dans toutes les écoles  :

Viens avec nous chez Barbapapa !
Il y a Barbapapa,
Barbamama,
Barbidou,
Barbouille,
Barbabelle et Barbidur,
Barbotine et Barbibulle et Barbalala !}

Viens avec nous chez Barbapapa !

Talus Taylor était  un homme discret, presque secret. L'immense notoriété de ses personnages (une dizaine d'albums publiés et traduits dans une trentaine de langue) le laissait parfaitement calme .

Savait-il que ses personnages avaient fait l'objet d'un essai philosophique, en 2013,  écrit par un certain "Jim"  ? Un vrai jus de crâne :  "Les Barbapapa posent à leur manière cet épineux problème que la métaphysique et la logique de l’identité affrontent encore : quel est le critère absolu de la permanence de mon identité, celle qui fait de moi et de n’importe quel Barbapapa un individu absolument dissemblable de tout autre et pourtant absolument semblable à lui-même."

A toujours tout vouloir expliquer, disséquer, les adultes sont décourageants. Talus Taylor faisait la joie de millions d'enfants.
Cela lui suffisait.

F.V.

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