C’est la question qu’a posé cette semaine une coalition d’organismes humanitaires
canadiens alors que l’on commémore le premier anniversaire du terrible séisme qui a ravagé Haïti. L’un de ces organismes estime que seulement le tiers des 210 millions de dollars que le Canada s’est engagé à donner à Haïti l’an dernier a été versé. Et ces organisations se demandent à haute voix si les 200 millions supplémentaires promis pour cette année vont bel et bien arriver à destination et seront
utilisés à bon escient… Ces organismes ne se sont pas gênés non plus pour taper à bras raccourcis sur le gouvernement canadien et sa stratégie d’aide pour Haïti : manque de vision, manque de transparence, projets non pertinents et trop axés sur la sécurité et non sur les réels besoins de reconstruction du pays, etc. Le gouvernement de Stephen Harper est donc passé en mode défensif cette semaine pour justifier son action en Haïti. « La somme totale de l’engagement actuel du gouvernement canadien à l’égard d’Haïti pour la période 2006-2012 dépasse le milliard de dollars » peut-on lire sur le site du ministère canadien des Affaires étrangères. Les autorités canadiennes affirment que 150 millions de dollars ont déjà été versés en aide humanitaire immédiate et pour les premiers efforts de reconstruction ( aide alimentaire, eau potable, abris d’urgence, approvisionnements de secours et de services médicaux etc ). Mais en langage un peu moins diplomatique, on laisse aussi savoir que la piètre santé démocratique du pays et l’anarchie des autorités haïtiennes ne font rien pour aider les choses… En fait, le gouvernement canadien ne fait ni mieux ni mal que les autres pays de la communauté internationale venus porter secours à la perle des Antilles. La feuille d’érable, comme tous les autres pays, semble être pieds et poings liés par un système dont les règles échappent à tout bon sens… Et ici comme ailleurs, chacun s’interroge sur la lenteur du processus de reconstruction en Haïti et sur ces centaines de millions et millions de dollars débloqués pour venir en aide aux Haïtiens. Où est l’argent ? Pourquoi une telle inertie ? Pourquoi, un an plus tard, quelque 800 000 Haïtiens sont encore dans des camps de réfugiés ? Pourquoi des tonnes et des tonnes de marchandises sont bloquées depuis des mois dans des conteneurs sur les quais de Port-au-Prince ? Que se passe-t-il précisément avec le gouvernement haïtien ? Pourquoi attendre l’élection d’un nouveau président pour agir ? Et QUI, QUI détient réellement le pouvoir en Haïti, le pouvoir d’agir, de décider et de faire bouger les choses ? L’ONU ? Les ONG ? L’État haïtien ? La Commission pour la reconstruction dirigée par Bill Clinton ? QUI ? Parmi les centaines de milliers de personnes tuées dans le séisme, il y a eu 58 Canadiens…