De l'action dans l'arène politique québécoise
Un nouveau joueur vient de faire son entrée dans l’arène politique québécoise et ce nouveau joueur pourrait bien brasser vigoureusement les cartes lors des prochaines élections législatives québécoises : il s’agit de la « Coalition avenir Québec », la CAQ, un nouveau parti politique donc dirigé par un ex-ministre du Parti québécois et ex-homme d’affaires, François Legault. Finalement il a fait le saut Cela fait environ un an que François Legault, qui a occupé plusieurs ministères d’importance au sein des gouvernements du Parti québécois dans les années 90 comme l’Éducation ou la Santé, multipliait les coups de sonde et consultait à droite à gauche pour vérifier la validité de créer un nouveau parti politique au Québec… L’idée était dans l’air donc et elle flottait avec de plus en plus de netteté dans les couloirs de l’Assemblée nationale du Québec, surtout avec la démission fracassante de plusieurs députés et poids lourds du Parti québécois, le parti souverainiste, en juin dernier et la remise en question du leadership de la cheffe de ce parti, Pauline Marois, qui est vociférée sur la place publique depuis plusieurs mois. Sans oublier les sondages qui plaçaient François Legault et son parti en devenir en tête des intentions de vote des Québécois. Bref, l’ex-homme d’affaires – il a présidé avec succès aux destinées de la compagnie aérienne québécoise Air Transat qu’il a cofondée – sentant le vent souffler en sa faveur a décidé de plonger et a donc fondé le 14 novembre dernier la CAQ. Alors, quel est ce parti ? Qu’apporte-t-il de neuf à la politique québécoise ? Est-ce qu’il va être un mirage, une étoile filante ou va-t-il contribuer à l’effondrement du Parti québécois, visiblement en panne sévère sur le bord de la route depuis plusieurs années ? Va-t-il intégrer en son sein l’Action démocratique du Québec, le troisième larron qui patine sur la glace québécoise mais dans le coin droit de l’arène ? Jouer l’outsider et offrir un nouveau premier ministre aux Québécois ? Ni de droite ni de gauche D’entrée de jeu, François Legault a bien pris soin de préciser qu’il ne veut pas situer son nouveau parti dans l’axe droite-gauche traditionnel, tout comme il souhaite sortir du clivage tout aussi traditionnel de la scène politique québécoise, à savoir parti souverainiste ou parti fédéraliste. L’homme se veut fédérateur et il cherche à transcender ces clivages afin, dit-il, de rassembler les meilleurs joueurs dans la même équipe et de parler des vrais enjeux du Québec. Les vrais enjeux, selon lui, sont principalement l’éducation et la santé. En matière d’éducation, François Legault propose d’augmenter de 20% le salaire des enseignants qui seraient toutefois soumis à un processus d’évaluation. Il veut aussi prendre des mesures efficaces pour lutter contre le fléau du décrochage scolaire. Sur le plan de la santé, thème cher aux Québécois, le chef de la CAQ promet que tous les Québécois auront droit à un médecin de famille – ici, comme je l’ai déjà écrit dans une chronique, l’accès à un médecin ressemble à une course à obstacles. François Legault se dit favorable également au gel du nombre d’immigrants au Québec au cours des prochaines années, ainsi qu’à l’utilisation des redevances tirées des ressources naturelles de la province pour réduire sa dette. Pour le reste, les engagements sont somme toute assez vagues et en conférence de presse lors du lancement de son parti, François Legault a répété à plusieurs reprises des « on verra » qui ont fait la joie des caricaturistes et chroniqueurs politiques. Sans compter que le parti part de zéro et a tout à construire : sa cellule organisationnelle, recruter les membres et les aspirants candidats, solidifier son programme et sa plateforme électorale, etc. Enfin le mot d’ordre de la CAQ c’est CHANGEMENT… François Legault le martèle sur toutes les tribunes. On le sait, le mot fait fureur en politique, même s’il est plus souvent qu’autrement porteur de désillusions et d’espoirs déçus quand celui qui le préconise se retrouve au pouvoir – Barack Obama en sait quelque chose… L'électeur québécois semble séduit Quant à l’électeur québécois, eh bien il semble très séduit par François Legault et son nouveau parti, car si l’on se fie aux derniers sondages, si des élections se tenaient ici, là, maintenant, il deviendrait le premier ministre du Québec. Il faut dire que l’électeur québécois a déjà surpris à plusieurs reprises lors de rendez-vous électoraux, en portant par exemple au rang d’opposition officielle en 2007 l’Action démocratique du Québec ou en élisant une cinquantaine de députés du Parti néo-démocrate lors des dernières élections fédérales, une vague orange – la couleur du parti – qui a balayé le Bloc québécois, le parti souverainiste qui veillait aux intérêts des Québécois à Ottawa depuis des décennies. Il faut dire aussi que l’électeur québécois semble assoiffé de nouveautés et de nouveaux visages dans la sphère publique, étant d’un côté de moins en moins interpellé par les aspirations souverainistes du Parti québécois qui, vraiment, en « arrache » comme le veut l’expression du cru et, de l’autre, du côté du Parti libéral du Québec, est passablement dégoûté par les scandales de corruption et collusion régulièrement révélés par la presse depuis bientôt trois ans, sans oublier que traditionnellement, les Québécois aiment bien renvoyer dans l’opposition un parti qui a passé plus de 10 ans au pouvoir. Bref, les deux partis politiques qui alternent depuis plus de 30 ans au pouvoir ici sont usés, fatigués… et il se pourrait bien qu’un p’tit nouveau bien fringuant et en pleine santé les fasse s’asseoir côte à côte dans les rangs de l’opposition. Tout est possible, effectivement. A suivre donc… PS : parlant de scandales, pour ceux qui suivent cette chronique assidûment – et je les en remercie – sachez que finalement le premier ministre Jean Charest a décidé de donner les pleins pouvoirs à la juge France Charbonneau qui va présider la Commission d’enquête sur l’industrie de la construction. Il y a eu tellement de levée de boucliers parce que cette Commission d’enquête tel que prévue initialement allait manquer considérablement de pouvoirs que le premier ministre a fait marche arrière. La juge Charbonneau pourra donc astreindre n’importe qui à venir témoigner devant sa Commission qui vise, je le rappelle, à faire la lumière sur les pratiques de collusion, corruption, fausses factures, blanchiment d’argent et potentiellement financement occulte de partis politiques, toutes ces pratiques qui gangrènent depuis des décennies l’industrie de la construction et, en bout de ligne le système politique québécois… La juge vient de nommer ses adjoints, cette Commission devrait durer deux ans, et d’ici là, les Québécois auront eu la possibilité de se choisir un nouveau gouvernement…
Dans la cabane de Catherine François au Canada
Que se passe-t-il dans le « plus beau pays du monde » - comme aimait le définir l’ex premier ministre du Canada Jean Chrétien - ? Correspondante depuis septembre 2008 de TV5 Monde au Canada - en poste à Montréal - je vous propose dans ces carnets de suivre l’actualité de cet immense pays, baigné d’un océan à l’autre, avec toutefois un éclairage braqué plus spécifiquement sur le Québec, la province où vit la majorité francophone… je veux, dans ces carnets que je vous offrirais sur une base régulière, vous présenter ce qui fait les grands titres de la presse d’ici et vous parler de sujets d’actualité dont je ne parle pas forcément dans les reportages que je produis pour TV5 Monde. Cette nouvelle tribune me donnera aussi l’occasion de revenir plus en détails sur certains de ces reportages et de vous narrer des anecdotes de tournage quand j’en aurais – il y en a souvent - Bref, de quel bois se chauffe ma « cabane au Canada » ? Vous le saurez en venant consulter régulièrement ces pages…