Les députés britanniques adoptent une loi historique sur l'aide à mourir

Les députés britanniques ont adopté en deuxième lecture une proposition de loi historique visant à légaliser l'aide à mourir pour certains malades en phase terminale. Le texte franchit ainsi une étape clé au Parlement.

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Britannique aide à mourir

Des manifestants en faveur de l'aide à la mort tiennent des banderoles devant le Parlement à Londres, le 20 juin 2025.

Kirsty Wigglesworth
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La proposition de loi sur la légalisation de l'aide à mourir doit dorénavant être examinée par la chambre des Lords. Elle a été adoptée par les députés britanniques à l'issue d'un scrutin très serré, avec 314 voix pour et 291 contre. Les partisans de cette loi, qui s'étaient rassemblés dès le début de la matinée devant le Parlement avec des pancartes "My death, my décision" (ma mort, ma décision), ont laissé éclater leur joie à l'annonce du résultat.

"Le changement est en marche"

"Ce vote envoie un message clair (...) le changement est en marche", réagit la directrice de l'association Dignity in Dying, Sarah Wootton. À l'inverse, le directeur du groupe Care Not Killing, Gordon Macdonald, opposé au texte, dénonce un projet de loi "profondément imparfait et dangereux".

Que prévoit le texte de loi ?

Le texte adopté par les députés prévoit que l'aide à mourir soit légalisée pour les adultes en phase terminale, dont l'espérance de vie est inférieure à six mois, et qui sont capables de prendre eux-mêmes la substance provoquant leur décès.

"Je ne sous-estime pas l'importance de ce jour. Il est rare que l'on nous demande de nous attaquer à des questions de moralité, d'éthique et d'humanité", avait déclaré en ouvrant les débats ce 20 juin la députée travailliste Kim Leadbeater, à l'origine de cette proposition de loi. "Nous votons sur un sujet qui compte profondément pour nos électeurs", avait-elle ajouté, défendant les "nombreuses garanties" et les "critères stricts" encadrant le suicide assisté dans sa proposition de loi.

Important soutien de la population britannique

Selon un sondage publié jeudi par l'institut YouGov, 73% des Britanniques soutiennent le texte tel qu'il est rédigé. Les députés ont apporté plusieurs changements notables par rapport à la version adoptée fin novembre en première lecture, où la proposition avait bénéficié d'une majorité un peu plus importante.

Si le suicide assisté avait été légal, il aurait eu le choix.

Milly Blenkinshop-French, retraitée

Outre deux médecins, le dernier mot pour autoriser une aide à mourir sera dans les mains d'un collège d'experts, et non du ressort d'un juge de la Haute cour de Justice, un changement fustigé par les opposants. Une personne ne pourra pas être éligible si sa santé se dégrade parce qu'elle a volontairement arrêté de se nourrir.

(Re)voir Société : l'euthanasie, une pratique qui divise

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Devant le Parlement, Milly Blenkinshop-French, retraitée de 81 ans, dont le fils est mort d'un cancer "dans des douleurs effroyables", espérait avant le vote que le texte soit adopté. "Si le suicide assisté avait été légal, il aurait eu le choix", explique-t-elle, car la loi donnerait "le choix, lorsque la douleur est trop importante (...) de dire 'ça suffit'".

Ramana Kumar, 37 ans, chercheuse, est, elle, opposée à la loi. "Je pense que ce genre de loi peut très facilement être mal appliquée et détournée pour aboutir à la mort de personnes qui ne veulent pas mourir", avait-elle dit avant le vote.

manif contre

Des manifestants contre l'aide à la mort tiennent des banderoles devant le Parlement à Londres, le 20 juin 2025.

Kirsty Wigglesworth

Pas de consigne des partis politiques

Les partis politiques n'avaient pas donné de consigne à leurs élus. Le Premier ministre Keir Starmer a voté en faveur du texte. S'il est finalement adopté dans les deux chambres, il faudra encore attendre quatre ans avant que le suicide assisté ne soit effectivement mis en place en Angleterre et au Pays de Galles.

État des lieux de l'aide à mourir au Royaume-Uni

  • Selon une évaluation du gouvernement, entre 160 et 640 suicides assistés pourraient avoir lieu dans la première année, avant une hausse progressive jusqu'à environ 4 500 la dixième année.
  • Actuellement, l'aide médicale à mourir est illégale et fait encourir une peine de 14 ans de prison en cas d'aide ou d'incitation en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord.
  • En Écosse, où une personne aidant quelqu'un à mourir peut être poursuivie pour homicide volontaire, les députés ont adopté le mois dernier en première lecture un projet de loi pour légaliser le suicide assisté.
  • L'Ile de Man est devenue en mai le premier territoire britannique à légaliser une forme d'aide à mourir.