Depuis plusieurs semaines, ils descendent presque tous les jours dans les rues de Montréal pour dénoncer la décision du gouvernement du Québec d’augmenter les frais de scolarité dans les universités et les établissements d’enseignement supérieur de la province. Les étudiants québécois sont en colère, très en colère.
Les Faits
Ce jeudi 22 mars ils étaient encore des dizaines de milliers dans les rues de Montréal. Du jamais vu. Reportage.
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Les étudiants québecois en colère
18.03.2012Par Catherine François
Des étudiants en colère dans les rues de Montréal.
Ils sont quelque 180 000 maintenant à être en grève et à faire pression sur le gouvernement pour qu’il revienne sur sa décision. Les uns après les autres, ils entrent dans la valse, même si ce ne sont pas tous les collèges et toutes les universités qui débraient – les étudiants doivent se prononcer par vote pour ou contre la grève avant d’embarquer dans la danse. Actuellement, plus de la moitié des cégeps de la province, soit 97 000étudiants, sont affectés par la grève – le cégep étant une institution d’enseignement supérieur entre l’école secondaire et l’université. Ils ne se battent pas pour rien : le gouvernement québécois veut augmenter de 325 dollars par année les frais de scolarité au cours des cinq prochaines années, des augmentations qui vont donc faire passer ces frais de 2168$ actuellement à 3793$ en 2016-2017. Soit presque le double. Ce n’est pas rien. Surtout quand on sait qu’ici, les étudiants sortent avec un diplôme en poche et, en moyenne, quelque 15 000 dollars de dette via un système de prêts et bourses géré par le gouvernement qui les aide à faire leurs études mais qu’ils doivent rembourser une fois leurs études terminées. Manifestations dans les rues de Montréal et de Québec, perturbation de la circulation aux heures de pointe, actions d’éclat devant les édifices gouvernementaux, interventions sur tous les réseaux télévisés, les étudiants ne ménagent pas leurs efforts pour passer leur message et tenter de faire reculer le gouvernement. Et les enseignants ont manifesté leur soutien par diverses actions.
Une nouvelle grande manifestation prévue le 22 mars.
Une hausse inévitable et nécessaire pour le gouvernement. Mais le premier ministre Jean Charest n’a visiblement pas l’intention de céder à ces pressions. Il maintient que ces augmentations sont nécessaires pour assurer un meilleur financement des universités et préserver la qualité de l’enseignement supérieur au Québec. « La vraie question, a récemment déclaré le premier ministre, c’est : est-ce-que nous allons avoir des universités qui vont être de calibre mondial ? C’est pour ça qu’on a pris une décision longuement réfléchie, longuement débattue ». Et il promet que les étudiants défavorisés bénéficieront d’une augmentation de leurs bourses pour compenser celle de leurs frais de scolarité. Les droits de scolarité sont un sujet très sensible ici, au Québec, la dernière fois qu’un gouvernement a tenté de les augmenter, il a dû reculer sous la pression de la rue. Ce qu’il fait qu’au cours des quatre dernières décennies, ces droits de scolarité sont quasiment gelés. Et que les étudiants québécois sont ceux qui en paient le moins dans tout le Canada. Sauf qu’effectivement, les universités québécoises manquent d’argent, c’est un fait indéniable que les étudiants ne contestent pas, ce qu’ils dénoncent, c’est qu’on vienne chercher de l’argent supplémentaire dans leurs poches qui sont déjà bien trouées. Le ministre de l’Économie et des Finances du Québec doit déposer le 20 mars prochain son budget pour l’année 2012… et la première des augmentations devrait être comprise dans ce budget et entrer en vigueur dès l’automne. Les étudiants ont donc encore l’espoir de faire reculer le gouvernement et ils n’entendent pas lâcher prise, leur prochain grand rendez-vous se tient le 22 mars, avec une grande manifestation prévue à Montréal. Le bras-de-fer n’est pas terminé… Je ne crois pas qu’il se terminera à l’avantage des étudiants.
Mise à jour
Ce vendredi 23 mars, on estime à 300 000 le nombre d'étudiants grévistes.