Fil d'Ariane
Le féminicide - soit le fait de tuer une femme en raison de son sexe - est la pire expression des violences faites aux femmes. Ce terme, assez récent, s'est multiplié dans la presse française ces derniers mois. Depuis le début de l'année, les associations féministes font un décompte macabre des femmes tuées par leur partenaire ou leur ex. L'objectif est de sensibiliser le grand public mais aussi de rappeler au président Emmanuel Macron qu'il avait fait des droits des femmes la grande cause nationale de son quinquennat.
Mais alors ces meurtres sordides sont-ils plus nombreux qu'auparavant ou leur médiatisation est-elle plus importante ? Début juillet, le ministère français de l'Intérieur a publié les chiffres de l'année 2018. Les femmes restent les premières victimes au sein du couple. Un chiffre plutôt stable sur les cinq dernières années, selon le ministère. Mais que dire pour l'année en cours ? "Si on continue sur cette lancée macabre, nous arriverons vraissemblablement autour de 150 féminicides en France en 2019", s'alarme Céline Piques, porte-parole de l'association "Osez le Féminisme !". Depuis 2014, les chiffres fluctaient autour de 121 et 134 femmes assassinées.
Cela dit le terme de "féminicide" n'existe pas dans le droit français. Ce que regrettent celles et ceux qui militent pour son inscription dans le Code pénal.
Aucun pays n'est épargné par les féminicides. Selon l'agence de statistiques, Eurostat, l'Allemagne détient le triste record européen. La France est deuxième, bien loin devant la Roumanie, le Royaume-Uni, l'Italie et ou encore l'Espagne qui avait fait du combat contre les violences conjugales sa grande cause nationale. A tel point que les chiffres y ont été divisés par deux en une décennie.
En Amérique latine et en Afrique du Sud les statistiques font froid dans le dos.
Ainsi le quotidien The Citizen, relevait cet été que trois femmes sont tuées chaque jour par leur conjoint en Afrique du sud qui n'est pas le seul pays du continent concerné.
"Pourquoi il y a-t-il des féminicides ? Parce qu'il y a des violences à l'encontre des femmes", rappelle la juriste internationale Céline Bardet. La fondatrice de l'ONG "Not a Weapon of War" souligne également que "cela pose la question de la place de la femme dans la société".
En France, en Afrique du Sud ou ailleurs dans le monde, le constat reste le même : s'attaquer aux féminicides n'est efficace que si on combat plus globalement toute forme de violence faites aux femmes.