Depuis mardi 6 juin 2017, les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) avancent dans la ville de Raqqa, fief de Daech en Syrie. Les bataillons kurdes et arabes combattent côte à côte. Des armes et des véhicules blindés ont été livrés par les Etats-Unis. Washington et Paris y ont également envoyé des forces spéciales.
Les combats font rage à Mechleb, l’un des quartiers au sud-est de Raqqa désormais partiellement contrôlé par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), les alliés des occidentaux sur le terrain face à Daech. Des témoins sur place font état de tirs d'obus des deux côtés.
"Jusqu'à présent, il y a eu beaucoup de combats dans le district de Al Mishlab (Mechleb). Nous avons le soutien des avions de la coalition, mais, en face, Daech utilise des snipers, des tunnels et des mines", explique la commandante kurde des FDS de la zone. Cette jeune combattante âgée de 30 ans se fait appeler "Camarade Klara Raqqa". Un pseudonyme qu'elle a choisi en hommage à la révolutionnaire et féministe allemande du début XXème, Clara Zetkin, d’une part et l’offensive qu’elle commande, d’autre part.
Sous le commandement de Klara Raqqa, la coalition de forces arabo-kurdes syriennes bénéficient du soutien au sol et dans les airs des Etats-Unis. Au troisième jour de l’offensive, les forces alliées poursuivent leur lente progression dans la ville. Des combats ont également lieu à la périphérie ouest de Raqqa.
Cela fait sept mois que cette offensive d'envergure a commencé, dans les vastes régions autour de Raqqa. Mardi 6 juin - date symbolique du Débarquement il y a 73 ans-, les Forces démocratiques syriennes sont entrées pour la première fois dans la capitale du califat auto-proclamé de Daech, annonçant le début de la "grande" bataille. L’issue de celle-ci pourrait constituer un tournant dans la guerre en Syrie qui a fait plus de 32 .000 morts depuis mars 2011.
Raqqa défendue par 2 500 jihadistes ?
Les FDS sont équipées de leurs vieilles kalachnikovs, mais aussi d’armes et de véhicules flambants neufs, livrés par les Etats-Unis, au grand dam de leur allié turc. La Turquie aurait préféré envoyer sur le front de Raqqa ses propres troupes ainsi ses affidés locaux, plutôt que d’y voir leurs pires ennemis, la guérilla kurde des YPG-YPJ, proche du PKK.
Malgré les pressions turques, les Etats-Unis ont maintenu leur plan tel quel prévu. Ils ont envoyé du matériel dans les zones kurdes du nord de la Syrie : des pièces d'artillerie, des hélicoptères d'attaque Apache et des véhicules blindés ainsi que des tablettes avec des logiciels dernier cri pour identifier les cibles ennemies.
Selon Eric Pahon, un porte-parole du Pentagone,
"des centaines" de militaires américains participent à l'offensive sur Raqqa.
"Leur rôle n'a pas changé", il est toujours
"de conseiller et d'assister" les FDS et non de combattre directement Daech.
"Ce sont les FDS qui mènent le combat" à Raqqa, a-t-il déclaré.
"Mais si nous nous faisons tirer dessus, nous avons le droit de nous défendre". M. Pahon a affirmé qu'il restait "jusqu'à 2 500" combattants jihadistes dans Raqqa.
Des forces spéciales françaises sont également sur place.
Capturée par les jihadistes en 2014, Raqqa est devenue le symbole des atrocités commises par Daech ainsi qu'une base pour la planification d'attentats commis en Europe et aux Etats-Unis.
D’après un militant anonyme du collectif "Raqqa is Being Slaughtered Silently" ("Raqqa est massacrée en silence" en français), les bombardements sont incessants. Selon lui, les conditions de vie se détériorent à cause des pénuries d'eau et d'électricité.
Le nombre de civils tués par les raids de la coalition est en nette hausse depuis que les FDS ont lancé leur offensive. Des frappes de la coalition menée par les Etats-Unis dans la nuit de jeudi à vendredi ont tué au moins 17 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui avait fait état de huit civils tués mardi par des frappes de la coalition, et 21 lundi.
Selon les Nations unies, environ 160 000 personnes vivent à Raqqa, contre 300 000 avant le début de la guerre. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU affirme que quelque 100 000 personnes
"pourraient se trouver piégées" et utilisées comme boucliers humains.