Les prisonniers palestiniens toujours retenus par Israël en raison des "cérémonies humiliantes" imposées aux otages

Israël a annoncé dimanche 23 février 2025 reporter les libérations de prisonniers palestiniens, prévues dans le cadre du fragile cessez-le-feu en vigueur à Gaza. L'État hébreux attend que le Hamas garantisse qu'il mettra fin aux "cérémonies humiliantes" pour les otages libérés.

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Israël retarde la libératon des prisonniers palestiniens en raison des "cérémonies humiliantes" imposées aux otages israéliens lors de leur libération. 

AP Photo / Mohamamd Abu Samra
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Finalement, les prisonniers palestiniens n'ont pas été libérés par Israël hier, samedi 22 février 2025. À une semaine de la fin de la première phase de l'accord de trêve en vigueur dans le territoire palestinien ravagé par 15 mois de guerre, le gouvernement israélien et le mouvement islamiste se sont accusés mutuellement de le violer, à l'occasion de ce qui devait être le septième échange prévu d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens.

Le Hamas a bien libéré six otages. Mais déjà assombri par la confusion qui a régné sur le sort de l'otage Shiri Bibas, finalement confirmée morte samedi matin, cet échange a été marqué, comme les précédents, par des mises en scène du Hamas. Celui-ci a exhibé cinq otages sur des podiums, face à la foule, avant de les remettre au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

(Re)voir Bande de Gaza : la libération de six otages israéliens
 

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602 prisonniers toujours retenus

Alors qu'était prévue la libération de 602 prisonniers palestiniens, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a confirmé, à l'issue d'une réunion sécuritaire, qu'elle n'aurait pas lieu.

"Il a été décidé de retarder la libération des terroristes (NDLR, prisonniers palestiniens,) qui était prévue (samedi), jusqu'à ce que la libération des prochains otages soit assurée sans cérémonies humiliantes", a déclaré Benjamin Netanyahu dans un communiqué de son bureau dans la nuit.

Le Hamas a accusé Israël de "violation flagrante" de l'accord de trêve. 

(Re)voir Israël-Gaza : que sait-on de l'accord de cessez-le-feu ?

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Dans la bande de Gaza comme en Cisjordanie, occupée par Israël, des familles attendaient pourtant avec impatience la libération de leurs proches et sont reparties bredouilles. "Notre Seigneur nous donnera la patience et nous attendrons simplement jusqu'à la libération de nos fils", réagit auprès de l'AFP Oumm Alaa, après avoir attendu en vain la libération de son fils à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

"Vous avez reçu vos prisonniers de guerre, alors pourquoi retarder la remise de nos prisonniers de guerre palestiniens ?" proteste Bassam Al-Khatib, à Khan Younès, dans le sud de Gaza. "Cela fait mal au cœur, le manque d'engagement et le mépris de toutes les normes et lois internationales, ainsi que le mépris des pays qui soutiennent cet accord."

Vidéo "dérangeante"

Lors des premières libérations, samedi à Rafah, où s'étaient déployés des combattants en treillis, Tal Shoham, un Israélo-Italo-Autrichien de 40 ans enlevé le 7 octobre 2023, a été contraint de prononcer quelques mots. À ses côtés se tenait, l'air hagard, Avera Mengistu, 38 ans, otage depuis plus de dix ans à Gaza, après avoir été filmé en 2014 escaladant la barrière séparant le territoire d'Israël. 

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Tal Shoham, un Israélo-Italo-Autrichien de 40 ans, a été contraint de prononcer quelques mots. À ses côtés se tenait, l'air hagard, Avera Mengistu, 38 ans.

AP Photo / Jehad Alshrafi

Le même scénario s'est répété à Nousseirat, dans le centre de Gaza, pour la libération de Eliya Cohen, Omer Shem Tov et Omer Wenkert, âgés de 22 à 27 ans, enlevés au festival de musique Nova, apparus souriants après 505 jours de captivité. Ces mises en scène ont été dénoncées à plusieurs reprises par Israël, l'ONU et la Croix-Rouge.

Samedi soir, la branche armée du Hamas a en outre publié une vidéo apparemment tournée dans la journée à Nousseirat, montrant deux otages en train de regarder la libération des trois Israéliens et suppliant Benjamin Netanyahu de les libérer.

Le Forum des familles d'otages l'a qualifiée de "dérangeante", y voyant une "démonstration de cruauté particulièrement écœurante"

Négociations retardées

Malgré ces scènes, des centaines d'Israéliens ont suivi en direct à Tel Aviv, sur la "place des otages" la retransmission des libérations, entre sanglots et explosions de joie.

"Après 505 jours, je l'ai vu pour la première fois, et grâce à Dieu, je l'ai vu sur ses deux jambes, souriant, c'est Omer! C'est mon Omer", s'est exclamée Sara Ashkenazi, la grand-mère d'Omer Shem Tov, qui attendait dans un appartement de Tel-Aviv. 

Sur les 251 otages enlevés le 7 octobre 2023, 62 restent retenus à Gaza parmi lesquels 35 sont morts, selon l'armée israélienne. Depuis le début de la trêve le 19 janvier, 29 otages israéliens, dont quatre décédés, ont été remis à Israël, en échange de plus de 1 100 détenus palestiniens.    

Selon le Hamas, seuls quatre otages morts devront encore être rendus à Israël avant la fin de la première phase de l'accord. Le mouvement s'est dit prêt à libérer "en une seule fois" tous les otages qu'il détient encore durant la deuxième phase, censée mettre fin définitivement à la guerre. Mais les négociations indirectes sur cette deuxième étape ont jusque-là été retardées après des accusations mutuelles de violations de la trêve.