Dans la nuit du 16 au 17 juillet 2010, un voleur de 22 ans était abattu par des gendarmes à Saint Aignan, en Touraine, au coeur de la France. Le lendemain, dans un déferlement de violence, des jeunes de la communauté rom à laquelle il appartenait, s'en prenaient aux édifices publics de la région. Dix jours après, le président Nicolas Sarkozy annonçait
une série de mesures coercitives (démantèlement de camps et expulsions d'illégaux). Depuis, et alors que la France persiste et signe, les réactions ont été nombreuses à travers le monde. Ce dispositif répressif a été vivement critiqué par les
Nations unies et diversement apprécié en Europe où les instances communautaires ont demandé à auditionner les responsables politiques français (le 31 août 2010). Les institutions communautaires tentent de remédier aux difficultés d'une population stigmatisée partout sur le continent. Ces Européens par excellence sont le plus souvent repoussés, marginalisés, et parfois même,
comme en Slovaquie, stérilisés . Partis d'Asie, peut-être d'Inde, ils ont débarqué dans les contrées occidentales au XVème siècle. Au fil du temps, les noms - Tsiganes, manouches, gitans, gypsys, etc. -, dont on les désignait changèrent dix fois, le regard porté sur eux tout autant, et la fascination qu’ils exercèrent fut tour à tour aimant ou repoussoir. Nous serions aujourd’hui plutôt dans une période de refus. En 1421 « ceux qui venaient d’Egypte » furent souvent les protégés des seigneurs et leur arrivée dans les bourgades entraînait la joie plutôt que l’effroi. Au fil des siècles, la vie quotidienne, le travail, le voyage, la famille, la musique, les vêtements, la foi tissèrent «
le lien réel qui unit ces êtres dispersés à la surface de la terre ». Ce monde à part est marqué par une histoire tourmentée jusqu’au génocide de la seconde guerre mondiale, habité par une langue déclinée selon les géographies, riche d'une diversité culturelle réinventée au fil des errances.
Sylvie Braibant