Fil d'Ariane
Bientôt va entrer en vigueur une nouvelle taxe française, qui frappera les propriétaires de potagers. Avec leurs paniers de tomates, leurs bottes de radis, ces rebelles du râteau et autres flibustiers de la bêche menaceraient, sans rire, les "producteurs professionnels".
En fouillant sur les cinq continents, quelle surprise de constater que l'imagination humaine ne connaît pas la grève quand il s'agit de taxer son prochain. Saluons comme il se doit la créativité des gouvernements !
Depuis 2005, l’État de l'Arkansas aux États-Unis taxe à 6 % les piercings, les tatouages et les traitements d'épilation par électrolyse. Une taxe au poil pourrait-on dire, et qui n'est pas sans rappeler celle instituée en 1705, par Pierre-le-Grand. L'empereur russe avait inventé une taxe sur la barbe, dans l'espoir de forcer les hommes à adopter le look rasé à l'occidentale.
Toujours une affaire de poils, cette autre taxe en vigueur en Caroline du Nord. Elle touche les animaux de compagnie. Chaque propriétaire doit signaler son animal âgé de plus de quatre mois. Il est alors considéré comme un bien personnel et son propriétaire doit s'acquitter d'une taxe qui oscille entre 10 et 75 dollars !
Voici d'autres exemples de ces taxations insolites dans le monde.
A New York, les agents du fisc qui travaillent pour le Département d'Etat de la fiscalité et des finances appliquent la taxe des bagels !
Explication.
Si la vente de bagels "entiers" ne sont soumis à aucune taxe, il n'en va pas de même pour les bagels "tranchés ou préparés (avec du fromage à la crème ou d'autres garnitures)". Ceux-là sont soumis à une taxe de 8 %.
Idem si le bagel est tranché ou consommé dans le magasin, le voici taxé.
Contrairement au pain, tranché ou non, qui échappe à la voracité du fisc. De quoi faire bagel !
Instaurée il y a juste deux ans a l'aéroport de Maiquetía, la "taxe air pur" continue de susciter incompréhension et sarcasmes. Cet impôt s'adresse aux passagers des vols en partance. Ils doivent s'acquitter d'une taxe supplémentaire de 127 bolivars (15 euros environ), pour l'air qu'ils respirent et cela afin de finançer l’installation d’un nouveau système d’air conditionné, qui "élimine les contaminants
et injecte de l’ozone pour améliorer l’environnement et protéger la santé des passagers ". Un vent nouveau soufflerait-il sur cet aéroport construit en 1947 ? Non. Tout cela ressemble à une astuce fiscale nouvelle, après la taxe sur les bagages et les animaux, déjà en vigueur. Un internaute, courroucé, écrivait : "Quelqu'un peut-il m'expliquer pour l'ozone à l'aéroport de Caracas ? Les toilettes n'ont pas d'eau, l'air conditionné est cassé et il y a des chiens errants à l'intérieur. Par contre, ils ont de l'ozone ? "
Mais il n'y a pas qu'au Vénézueala que le législateur est gonflé.
En Pennsylvanie (Etats-Unis), toute machine qui distribue de l'air comprimé ou qui est dotée d'un processus d'aspiration subit une taxe d'utillisation.
Il parait que cette taxe a été durement combattue en Utah. Malgré tout, elle a été adoptée ! En 2004, l'Assemblée législative a donc validé une taxe de 10 % sur l’admission et la vente de marchandises, la nourriture, les boissons et "les services
pour les entreprises sexuellement explicites." En clair : boire son soda en dégustant un sandwich tout en faisant provision de gadgets coquins peut coûter très cher.
En mai 2013, en Allemagne, la Cour fédérale des finances a estimé que les travailleurs du sexe indépendants, c'est à dire non salariés pour cette activité, devaient payer une taxe professionnelle.
En France aussi, la prostitution est imposable. Les prostituées paient l'impôt sur le revenu, la taxe professionnelle et l'Urssaf. Elles sont par ailleurs assujetties à la TVA. La prostitution générerait un chiffre d'affaires annuel de 3 milliards d'euros.
Détail amusant : si l'on s'en réfère à l'article 225-5 (alinéa 2) du code pénal français qui indique "Le proxénétisme est le fait, par quiconque, de quelque manière que ce soit, de tirer profit de la prostitution d'autrui, d'en partager les produits ou de recevoir des subsides d'une personne se livrant habituellement à la prostitution ". Dans ce cas, magie de la logique, l'Etat français, en taxant et en imposant le revenu des prostituées, est de facto le premier souteneur national !
L'argent des taxes n'a pas d'odeur.