Déplorer, appeler à condamner : le Conseil de l'Europe ne peut pas faire plus, face à un parti politique comme Aube dorée, qui renie toutes les valeurs défendues par ce même Conseil, que produire un rapport de 32 pages. C'est un premier pas, mais faut-il encore que le gouvernement grec veuille en faire quelque chose. La progression de partis d'extrême droite, racistes, révisionnistes, souvent mêlés à des mouvements de type néo-nazi en Europe est réelle, comme en Autriche,
Hongrie, Bulgarie, Lettonie, Suède,
Norvège, ou…au
Royaume-Uni. L'Union européenne, quant à elle, ne pourrait-elle pas demander à la Grèce l'interdiction de ce parti ouvertement néo-nazi en se référant à la charte des droits fondamentaux (voir encadré) ? L'eurodéputé Thijs Berman estime qu'"il y a un principe inviolable très important dans l'Union européenne, c'est celui de la liberté d'association. Il faut être extrêmement prudent avec cette liberté, il ne faut pas qu'il y ait de l'arbitraire là-dedans, et pour moi, député européen, la liberté d'expression, la liberté d'association, c'est primordial. Maintenant si un parti prône la discrimination, la violence, la haine, on peut espérer qu'il y ait des lois dans l'Etat concerné qui permettent d'agir, pour, au plus extrême, interdire ce parti. Mais c'est là une question nationale, parce que c'est un problème pénal et le pénal est en grande partie national." Pourtant, la question d'une montée de ces partis ouvertement anti-démocratiques par leurs revendications et leur message politique, et qui pourraient à terme voir l'émergence d'un fascisme du XXIème siècle en Europe, a tendance à agacer l'eurodéputé. Thijs Berman dénonce les politiques nationales grecques déplorables de ces dernières années : "Pourquoi ce parti existe et a du succès ? Parce que les partis établis, des socialistes aux chrétiens-démocrates ont failli dans leurs responsabilités et ont trompé le peuple. Ces partis établis ont creusé une dette intenable, mais qu'à un moment il faut honorer. C'est de la faute des partis au pouvoir depuis des décennies si un parti extrémiste peut surgir. Il faut que ces partis se regardent dans le miroir au lieu de pousser des cris d'orfraie en disant "oh ce sont les fascistes, ils sont très méchants". Ces partis devraient plutôt se dire "et nous, qu'avons-nous fait ?". Et puis nous l'Europe, n'avons-nous pas abandonné les Grecs les plus pauvres ? Ce sont les fascistes qui leur donnent à manger avec des soupes populaires". Les organes et institutions européennes ne peuvent pas tout, et la sombre réalité politique grecque entretenue par Aube dorée doit être combattue par la Grèce elle-même, en premier lieu. Si l'Union européenne et le Conseil de l'Europe peuvent donner de la voix, condamner les propos et les actes d'un parti néo-nazi, ce ne sont pas à ces structures inter-étatiques de décider d'interdire ou de laisser actif un parti politique au sein d'une nation souveraine. Mais comme le souligne l'eurodéputé, l'Europe n'est pas sans responsabilité : "Si nous imposons, nous l'Europe, des mesures drastiques qui ont des conséquences catastrophiques sur la population, il ne faut pas s'étonner que des mouvements extrémistes surgissent." Cette analyse face à ces partis d'extrême droite qui surfent sur la vague de la crise sociale et économique, est, pour l'élu européen, beaucoup plus importante que toutes les autres : "Cela doit mener l'Europe à entamer des actions, comme investir dans le travail des jeunes, faire que les entreprises reviennent en Grèce, au pire annuler une partie de la dette, ou faire des euro-obligations pour la mutualiser !"