L'exécution de l'Iranienne Sakineh semble imminente
Plusieurs sources annoncent l'exécution imminente de l'Iranienne Sakineh Mohammadi-Ashtiani, condamnée à la lapidation pour adultère et complicité de meurtre dans l'assassinat de son mari.
Rassemblement symbolique à proximité de l'ambassade d'Iran à Paris. (photo : C. Sarret)
Cette femme de 43 ans, dont le sort avait provoqué l'indignation internationale cet été, pourrait être tuée, non pas par lapidation mais par pendaison, mercredi 3 novembre, selon différentes ONG qui disposent de sources d'information en Iran. Les autorités iraniennes n'ont rien confirmé de leur côté. Mais « une lettre de la Cour suprême de Téhéran a été envoyée il y a quelques jours à la branche d'application des peines de la prison de Tabriz où est détenue Sakineh depuis 4 ans. Elle indique qu'elle serait exécutée très prochainement », explique le journaliste franco-iranien Armin Arefi, blogueur sur le site du Monde et auteur du livre Dentelles et Tchador, la vie dans l'Iran des mollahs. Or, en Iran, les exécutions à mort ont lieu uniquement le mercredi... D'où la date du 3 novembre. LES ARMES HABITUELLES DU REGIME IRANIEN La situation paraît d'autant plus critique que Sakineh a perdu ses deux principaux défenseurs, son fils et son avocat qui ont été arrêtés le 10 octobre. Ce sont eux qui avaient pris l'habitude d'alerter la presse étrangère. Aujourd'hui, ils ne sont plus en capacité de parler. « Nous avons appris de sources sûres que ces deux personnes ont été torturées et que le fils de Sakineh s'est livré à des aveux forcés, en disant qu'il regrettait la mobilisation internationale et en dénonçant des organes anti-révolutionnaires, précise Armin Arefi. On retrouve là les armes habituelles du régime iranien pour déstabiliser une personne...» Mais les associations qui orchestrent depuis plusieurs mois la campagne de soutien pour Sakineh refusent de baisser les bras. Deux rassemblements symboliques ont eu lieu aujourd'hui, l'un à Paris devant l'ambassade d'Iran, l'autre à Bruxelles devant le Parlement européen.
La militante Maryam Namazie à Paris (photo : C. Sarret)
« Nous n'allons pas arrêter la mobilisation tant que l'exécution n'est pas levée et tant que Sakineh, son fils et son avocat ne seront pas libérés », a lancé Maryam Namazie de l'ONG britannique One Law for All qui avait organisé le 28 août dernier la journée de mobilisation, 100 villes contre la lapidation. Les ONG de défense des droits de l'homme appellent la communauté internationale et l'Union européenne à renforcer leur pression sur l'Etat iranien. « Ces exécutions sont inacceptables, a déclaré à Paris la présidente de l'association féministe Ni putes ni soumises. Nous demandons nous à ce que Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, prenne officiellement position ».
Ecoutez la présidente de Ni putes ni soumises. « Ce qu'il reste à faire, c'est mobiliser les instances internationales...»
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De son côté, la militante Maryam Namazi appelle à « un boycott politique de l'Etat iranien ». « ll n'y a pas de justice dans ce pays où même un fils qui se bat pour la vie de sa mère et un avocat qui fait son boulot ne peuvent pas vivre en sécurité. Cela en dit beaucoup sur ce gouvernement qui doit être mis sous pression... Non pas une pression militaire qui pourrait affecter la vie des gens mais une pression politique comme cela avait été fait contre le régime d'Apartheid en Afrique du Sud.» En juillet dernier, la mobilisation internationale avait réussi à faire fléchir Téhéran. L'exécution de la peine avait été suspendue mais le « réexamen du dossier » restait en cours.
Ecoutez le journaliste franco-iranien, Armin Arefi. « La mobilisation a considérablement gêné la République islamique d'Iran...»
Les enfants de Sakineh lancent un appel au monde entier
Ne laissez pas notre cauchemar devenir une réalité. Opposez-vous haut et fort à la lapidation de notre mère! Aujourd’hui, nous demandons l’aide du monde entier. Depuis cinq ans, nous vivons dans la peur et l’horreur, privés de la présence réconfortante de notre mère. Le monde est-il assez cruel pour rester insensible à une telle tragédie? Nous sommes Fasride et Sajjad Mohammadi e Ashtiani, les enfants de Sakineh Mohammadi Ashtiani. Depuis notre tendre enfance, nous éprouvons une grande douleur, car nous savons que notre mère est emprisonnée en attendant de connaître son épouvantable sort. Le mot « lapidation » est tellement horrible pour nous que nous évitons de le prononcer. Nous disons plutôt que notre mère est en danger, qu’elle risque d’être tuée et qu’elle mérite l’aide de tous. Maintenant que presque toutes les options ont échoué et que l’avocat de notre mère affirme que sa situation est très précaire, nous nous en remettons à vous, citoyens du monde, peu importe qui vous êtes et l’endroit où vous habitez. Nous nous en remettons à vous, peuples de l’Iran, à tous ceux et celles qui ont vécu l’enfer de perdre un être cher. Aidez-nous à libérer notre mère! Nous désirons particulièrement joindre les Iraniens qui vivent à l’étranger.?Aidez-nous à sortir de ce cauchemar. Sauvez notre mère. Vous ne pouvez imaginer la détresse qui nous accable à chaque instant de notre vie. Les mots ne suffisent pas à exprimer notre crainte… Aidez-nous à secourir notre mère. Écrivez aux autorités pour leur demander de la libérer. Dites-leur qu’il n’y a aucun plaignant et qu’elle n’a rien fait de mal. Notre mère ne mérite pas de mourir. Y a-t-il quelqu’un qui peut nous entendre et nous venir en aide? Fasride et Sajjad Mohammadi e Ashtiani