L'Union européenne rend ce samedi un hommage inédit à l'ancien chancelier allemand Helmut Kohl, le père de "la réunification allemande" décédé le 16 juin à l'âge de 87 ans. Une cérémonie a été organisée dans l'hémicycle du Parlement européen à Strasbourg avant ses funérailles en Allemagne.
C'est un hommage inédit qui a été rendu à Helmut Kohl ce samedi au Parlement européen à Strasbourg. Pour la première fois de son histoire, l'Union européenne a salué la mémoire de l'une de ses grandes figures. Helmut Kohl est l'un des trois dirigeants - avec Jean Monnet et Jacques Delors - à avoir été fait "citoyen d'honneur de l'Europe". Durant seize années au pouvoir de 1982 à 1998, l'ancien chancelier allemand a marqué l'histoire de son pays. Il restera comme le père de l'unité allemande, après la chute du mur de Berlin.
L'idée de cet hommage est venue de l'actuel président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Le Luxembourgeois est le seul dirigeant européen encore en fonction à avoir côtoyé Helmut Kohl. Le chancelier avait pris en affection le jeune Premier ministre âgé alors de 41 ans qu'il avait surnommé "Junior".
Dix sept dirigeants de l'Union européenne, des dizaines de personnalités politiques ont assisté à la cérémonie qui a débuté à 11 heures : la première ministre britannique Theresa May, l'ancien président américain Bill Clinton, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev ou encore Benjamin Netanyahu ont fait le déplacement jusqu'à Strasbourg.
Recouvert du drapeau européen, le cercueil de l'ancien chancelier a été installé sur un catafalque érigé au centre de l'hémicycle du Parlement. Trois couronnes de fleurs ont été disposées devant le cercueil : l'une aux couleurs de la République fédérale d'Allemagne, l'autre au nom de l'Union européenne et la troisième, au nom de son épouse, porte l'inscription "In Liebe, deine Maike" (Avec Amour, ta Maike).
Un film "Helmut Kohl, un grand Européen" retraçant la vie de l'ancien chancelier a été projeté.
Les présidents des institutions bruxelloises, Jean-Claude Juncker pour la Commission, Donald Tusk pour le Conseil européen, et Antonio Tajani, le président du Parlement, ont pris tour à tour la parole pour saluer la mémoire d’Helmut Kohl.
A la demande de sa veuve, Maike Kohl-Richter, trois hommages ont été rendus par l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzales, par Bill Clinton et par Dmitri Medvedev.
Le président français Emmanuel Macron a lui aussi prononcé un discours et profité de cette intervention pour défendre le projet européen cher à Helmut Kohl. S'exprimant en allemand, il a rappelé qu' "il n'y a aucune raison de se résigner, l'optimisme réaliste étant bien plus d'actualité".
Angela Merkel a été la dernière à prendre la parole, un discours que la seconde épouse de Kohl aurait aimé interdire. L'actuelle chancelière allemande entretient en effet des relations exécrables avec le clan Kohl. Helmut Kohl n'a jamais pardonné à celle dont il fut le mentor en politique et qu'il avait surnommée "la gamine" de l'avoir évincé du parti conservateur en 1999 en dénonçant le scandale des caisses noires mises en place au sein de la CDU.
A la fin de la cérémonie, le cercueil rejoindra l'Allemagne et sera transporté en hélicoptère à Ludwigshafen. Il sera ensuite embarqué sur un navire militaire qui descendra le Rhin jusqu'à Spire, une ancienne ville impériale au cœur d’une région que Helmut Kohl a longtemps dirigée. Les funérailles se dérouleront en la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption-et-Saint-Etienne, lieu de sépulture de huit empereurs et rois allemands.
L’enterrement est prévu en début de soirée, dans la plus stricte intimité familiale.