Après trois jours de combats entre militaires et islamistes à Tripoli et la fuite de milliers de civils, l'armée libanaise a repris le contrôle de Bab al-Tebbané, fief islamiste. Elle s'était déployée, lundi 27 octobre à Tripoli, la deuxième ville du Liban, pour effectuer des perquisitions, des saisies d'armes et un contrôle des mines laissées par les hommes armés. Pourtant, les combattants d'Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, semblaient avoir disparu du quartier pauvre sunnite de Bab al-Tebbané où ils étaient retranchés. C'est la première fois depuis une décennie que l'armée libanaise parvient à pénétrer dans le secteur du fief islamiste.
Combats
Les violences qui ont débuté vendredi 25 octobre ont tué 16 personnes, dont 11 militaires et fait 154 blessés.
Dans la vieille ville, plus de 50 magasins ont été entièrement brulés et plus de 200 autres gravement endommagés dans le centre ville et à Bab al-Tebbané, où vivent 100 000 personnes. "C'est une zone très pauvre où il y a une surpopulation, les maisons sont les unes sur les autres", décrit Najla Hawly, tripolitaine de naissance et directrice adjointe d'un lycée français à Tripoli.
Une partie du souk historique a été ravagée. "C'était très dur et pénible pour l'armée car ce sont des souks de piétons, dans de petites rues. Les chars ne peuvent pas passés donc les combats se faisaient à la mitraillette, rue par rue", assure Najla Hawly avant d'ajouter:"C'était de vrais combats. Ce n'était pas des mortiers qu'ils se lançaient pendant que les gens se barricadaient, il y avait une offensive dans les rues, les immeubles". Elle insiste sur les moyens utilisés par l'armée libanaise pour cette opération : "Elle a utilisé des hélicoptère pour effectuer des raids, c'est la première fois que ça arrive en 30 ans de combats". Selon elle, "jamais l'armée libanaise a eu une telle démarche dans son organisation, son anticipation, l'isolation des djihadistes (toutes les routes étaient coupées)...".
Malgré cela, quatre soldats ont été tués dimanche après-midi dans une embuscade alors qu'ils effectuaient une patrouille au nord de Tripoli, a annoncé l'armée, accusant un "groupe terroriste". Un soldat libanais a également été enlevé à Bab al-Tebbané.