Liban : comment fonctionne le système confessionnel ?

Le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun, a été élu président de la République libanaise le 9 janvier. En vertu du système confessionnel inscrit dans la Constitution, le pouvoir libanais est partagé entre les trois principales communautés religieuses du pays. Mode d’emploi. 

Image
Joseph Aoun

Le président libanais nouvellement élu Joseph Aoun sourit à son arrivée au Parlement libanais pour prêter serment en tant que nouveau président, à Beyrouth, Liban, le 9 janvier 2025. 

AP Photo/Hussein Malla
Partager 2 minutes de lecture

Joseph Aoun a été élu par les députés lors d'un deuxième tour de scrutin alors que le Liban était privé depuis plus de deux ans d'un chef de l'État en raison des profondes divergences entre blocs politiques. En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir politique, celui-ci est réparti entre les différentes communautés religieuses. 

(Re)voir Joseph Aoun, nouveau président libanais

La présidence du Liban revient à un chrétien maronite, celui de Premier ministre doit traditionnellement revenir à un musulman sunnite et la présidence de la chambre des députés à un musulman chiite. Ce système confessionnaliste a été mis en place avec la Constitution de 1926 et le pacte national de 1943. 

Aux origines du confessionnalisme

Mais le système confessionnel trouve ses origines bien avant la Constitution de 1926, avec les rivalités entre chrétiens et Druzes qui émergent au milieu du XIXe siècle au Liban, dans un contexte de rivalités entre le Royaume-Uni et la France. Les deux pays interviennent en 1860, après les grands massacres entre les deux communautés et mettent en place une première forme de confessionnalisme politique. 

(Re)voir Cent ans du Liban : la fin du système confessionnel, l'éternelle question libanaise [LeMémo]

C’est l’instauration du régime de la Mutasarrifiyya (1861), qui attribue aux représentants des six communautés du Mont-Liban au sein du Conseil administratif auprès du gouvernement un nombre de sièges selon leur nombre et leur poids. Ce système restera en place jusqu’à la Première Guerre mondiale.

En 1920, la France proclame l’État du Grand-Liban, en réponse aux revendications d’un État chrétien de la part des maronites. De 1920 à 1943, le système confessionnel est renforcé par la Constitution qui va reconnaître l’existence des communautés et instaurer leur représentation. Lors de l’indépendance du Liban en 1943, un “pacte national” est scellé par le président maronite Béchara Al-Khoury et le premier ministre sunnite Riyad Al-Solh. 

(Re)voir Liban : Joseph Aoun, l'homme de la stabilité ?

Le Liban était doté d'un système présidentiel, mais les pouvoirs du chef de l'État ont été largement réduits par l'accord de Taef ayant mis fin à la guerre civile (1975-1990), au profit du Conseil des ministres présidé par un musulman sunnite.

Un système à l’origine des manifestations de 2019 

Cette organisation politique est toujours source de mécontentement au sein de la population libanaise. En octobre 2019, après les annonces du gouvernement à propos de mesures financières, notamment la volonté d’instaurer une “taxe Whatsapp” afin de taxer le service d’appel gratuits dans le monde entier, les Libanais descendent dans la rue pour dénoncer l’incapacité des institutions politiques à trouver des solutions viables pour de meilleures conditions de vie. 

(Re)voir Au Liban, "la classe politique a bâti son cartel mafieux sur le système confessionnel"

La laïcité apparaît alors pour la population, notamment chez les jeunes, comme une solution afin de faire évoluer la société libanaise. À partir du soulèvement du 17 octobre 2019, les clubs laïcs ont pris de l’importance. Cela s’est confirmé lors des élections étudiantes dans la plupart des universités du pays.  

Selon les manifestants, le confessionnalisme a permis à certaines minorités de s’enrichir grâce aux postes qu’elles ont obtenu. Pour cette raison, ce système favorise le clientélisme et la corruption, car la gestion communautaire est contraire au principe d’égalité.