Fil d'Ariane
"Les dirigeants libanais semblent faire le pari du pourrissement" en bloquant depuis des mois la formation d'un gouvernement et la mise en oeuvre de réformes, a déploré le président français, qui copréside cet événement organisé un an jour pour jour après l'explosion du port de Beyrouth. "Je pense que c'est une faute historique et morale".
Le 4 août 2020, la capitale libanaise basculait dans l'horreur: des centaines de tonnes de nitrate d'ammonium, stockées depuis des années dans un entrepôt délabré et "sans mesure de précaution" de l'aveu même du gouvernement, explosent, faisant 214 morts, plus de 6.500 blessés et détruisant des quartiers entiers.
"La crise que vit le Liban n'est pas un coup du sort, ni une fatalité. Elle est le fruit de faillites individuelles et collectives et de dysfonctionnements injustifiables", a insisté Emmanuel Macron depuis le Fort de Brégançon, résidence estivale des présidents français dans le Sud de la France. "L'ensemble de la classe politique libanaise n'a eu de cesse de l'aggraver en faisant passer avant tout ses intérêts individuels et partisans avant les intérêts du peuple libanais".
"Le Liban mérite définitivement mieux que de vivre de la solidarité internationale", a-t-il ajouté.
"La conférence d'aujourd'hui est une conférence humanitaire de soutien à la population, elle est donc inconditionnelle mais il n'y aura aucun chèque en blanc au bénéfice du système politique libanais, car il est, lui, depuis le début de la crise, et même avant défaillant", a-t-il encore insisté.
Il a annoncé 100 millions d'euros de nouvelles aides de la France dans les 12 mois en l'envoi dans les prochaines semaines de 500.000 doses de vaccins anti-Covid.
Selon l'Elysée, les Nations Unies évaluent à plus de 350 millions de dollars (357 millions exactement, ndlr) les nouveaux besoins du Liban auxquels il faudra répondre dans les domaines notamment alimentaire, de l'éducation, de la santé, de l'assainissement de l'eau.
M. Macron a par ailleurs réclamé l'aboutissement de l'enquête sur l'explosion du port, dont les conclusions n'ont pas encore été rendues, un an après la catastrophe.
"Les dirigeants libanais sont redevables de la vérité, la transparence, à l'égard de leur population" a-t-il souhaité. "La France et plusieurs autres (pays) ont coopéré pour apporter toutes les informations dont nous disposions, nous sommes disponibles pour toutes les coopérations techniques" qui seraient encore nécessaires dans cette enquête dont les conclusions sont "attendues par toute la population libanaise", a ajouté le président français.
Cette conférence, qui doit mobiliser la communauté internationale pour aider le pays, réunit les représentants d'une quarantaine d'Etats et d'organisations internationales.