L'ambassadeur du Liban en Allemagne, Moustapha Adib, a été désigné Premier ministre après avoir obtenu le plus grand nombre de voix lors de consultations parlementaires menées par le président Michel Aoun. L'homme, universitaire et diplomate, est un quasi inconnu pour le grand public au Liban.
La désignation de Moustapha Adib, 48 ans, est intervenue à quelques heures de l'arrivée au Liban du président français Emmanuel Macron qui a pressé les dirigeants libanais de former rapidement un
"gouvernement de mission" chargé de sortir le pays de la crise économique et politique. Le Premier ministre désigné s'engage à former très vite une équipe
"d'experts". Conformément à la constitution, le Premier ministre est un musulman sunnite.
Le nouveau chef de gouvernement a ainsi évoqué la
"nécessité de former un gouvernement en un temps record et de commencer à mettre en oeuvre des réformes, avec comme point de départ un accord avec le Fonds monétaire international", dans un pays en plein naufrage économique.
Soutien des principaux partis
Moustapha Adib a obtenu l'aval des principaux blocs parlementaires. Seul le parti chrétien des Forces libanaises, qui a basculé dans l'opposition depuis le soulèvement populaire d'octobre 2019, a nommé l'indépendant Nawaf Salam, ancien ambassadeur à l'ONU soutenu par la contestation.
Le précédent chef du gouvernement Hassan Diab avait démissionné le 10 août, après l'explosion qui avait fait au moins 188 morts et dévasté des quartiers entiers de Beyrouth.
Immédiatement après sa désignation, le nouveau Premier ministre s'est rendu dans un quartier dévasté par l'explosion meurtrière au port de Beyrouth le 4 août, où il a déclaré
"vouloir la confiance" de la population.
"L'heure est à l'action", a déclaré le nouveau Premier ministre, s'engageant à former rapidement une équipe formée d'experts et de personnes compétentes, qui mènerait "immédiatement des réformes".
Trouver "un accord avec le FMI"
"La tâche que j'ai acceptée repose sur le fait que toutes les forces politiques (...) sont conscientes de la nécessité de former un gouvernement en un temps record et de commencer à mettre en oeuvre des réformes, avec comme point de départ un accord avec le Fonds monétaire international", a déclaré Moustapha Adib dans un discours télévisé.
Le drame, dû à la présence d'une énorme quantité de nitrate d'ammonium au port de Beyrouth au vu et au su des responsables, a alimenté la colère de la population.
Les responsables occidentaux qui se succèdent depuis à Beyrouth se sont joints aux appels des Libanais pour un changement politique profond après cette catastrophe dont la classe politique, accusée de négligence et corruption, est rendue responsable.
Emmanuel Macron est, lui, attendu ce lundi 31 août à Beyrouth. Il avait évoqué vendredi les "contraintes d'un système confessionnel" qui ont conduit "à une situation où il n'y a quasiment plus de renouvellement (politique) et où il y a quasiment une impossibilité de mener des réformes".
Le président français propose la mise en place d'un nouveau pacte politique. Le Hezbollah, puissante force chiite dans le pays, se dit "prêt à discuter" avec Emmanuel Macron. Le chef chiite du parlement Nabih Berri appelle à "changer le système confessionnel".
Le président français, attendu lundi soir à Beyrouth, se dirigera au domicile de la chanteuse iconique Fairouz, rare symbole d'unité d'un pays fragmenté. Mardi, il doit rencontrer les responsables politiques.
Dimanche soir, le président Aoun a reconnu dans un discours à l'occasion du centenaire du Liban, célébré mardi, la nécessité de changer le système politique et appelé à proclamer un "Etat laïc".