Liban : plusieurs morts lors d'échanges de tirs pendant une manifestation à Beyrouth

Des échanges de tirs ont eu lieu lors d'une manifestation d'Hezbollah et Amal pour réclamer le limeogeage du juge chargé de l'enquête sur l'explosion qui a eu lieu le 4 septembre à Beyrouth.  Trois personnes ont été tuées et vingt autres blessées lors de cette manifestation liée à l'enquête sur l'explosion du port de la capitale libanaise  en août 2020.
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manif beyrouth
Des soldats libanais à proximité du palais de justice de Beyrouth, pendant la manifestation des mouvements chiites Hezbollah et Amal exigeant le limogeage du juge chargé de l'enquête sur l'explosion au port de la capitale.
Hussein Malla / AP
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Trois personnes ont été tuées et vingt autres blessées jeudi lors de tirs pendant une manifestation organisée à Beyrouth par les mouvements chiites Hezbollah et Amal pour exiger le limogeage du juge chargé de l'enquête sur l'explosion au port de la capitale libanaise, selon des sources médicales.

Un homme a été tué par un tir à la tête et un deuxième a été atteint à la poitrine, a précisé Mariam Hassan, de l'hôpital Sahel, dans la banlieue sud de Beyrouth.

L'agence nationale d'information (ANI, officielle), a fait état d'une troisième mort à l'hôpital Rassoul al-Aazam, également dans la banlieue sud chiite.

Vingt autres personnes ont été blessées, selon la Croix Rouge libanaise.

Les patrouilles cherchent les personnes à l'origine des tirs pour les arrêter

communiqué de l'armée libanaise

Des tirs nourris dans le quartier de Tayouné-Badaro

Des ambulances affluaient pour prendre en charge les blessés dans les rues désertées, près du palais de Justice où s'étaient rassemblés des centaines de manifestants pour exiger le départ du juge Tarek Bitar, au coeur d'une campagne de dénigrement ces derniers jours.

Des correspondants de l'AFP ont entendu des tirs nourris dans le secteur, alors que les chaînes locales montraient des hommes portant des armes légères ou moyennes.

Dans un communiqué, l'armée a fait état de tirs dans le quartier de Tayouné-Badaro, ajoutant qu'elle avait "bouclé le secteur et ses accès".

"Les patrouilles cherchent les personnes à l'origine des tirs pour les arrêter", a-t-elle ajouté, prévenant que les militaires ouvriraient le feu sur tous ceux qui tirent et appelant les civils à évacuer le quartier.

Le premier ministre Nagib Mikati a appelé au retour au calme et mis en garde contre les tentatives d'entraîner le Liban dans un cycle de violence.

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Lieu de manifestation des familles de victimes de l'explosion

La manifestation s'est déroulée à l'endroit même où se regroupent régulièrement les proches des victimes de l'explosion pour demander que l'enquête aboutisse.

Elle s'est produite juste après que la Cour de cassation a rejeté des plaintes de deux anciens ministres à l'encontre de M. Bitar, lui permettant de reprendre ses investigations.

Tareq Bitar avait été contraint mardi de suspendre son enquête dans l'attente du verdict de ce tribunal, provoquant la crise la plus grave au sein du gouvernement libanais depuis sa formation le mois dernier.

(Re)voir : Liban : les rescapés des explosions tentent de se reconstruire

Une enquête locale qui piétine

L'explosion survenue le 4 août 2020 et causée par le stockage sans mesures de précaution d'énormes quantités de nitrate d'ammonium a fait au moins 214 morts, plus de 6.500 blessés et dévasté plusieurs quartiers de la capitale.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités refusent toute investigation internationale et sont accusées par les familles des victimes et des ONG de torpiller l'enquête locale.

Le Hezbollah pro-iranien et ses alliés exigent de dessaisir le juge d'instruction, l'accusant de politiser l'enquête, tandis que les responsables politiques refusent d'être interrogés par M. Bitar.

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