Parmi les coûts à prendre en compte, il y a ceux inhérents à la santé des réfugiés. Des craintes se font jour, par exemple, quant aux maladies transmissibles par l'eau. Cela dans un
contexte de grande sécheresse. Est-ce spécifique à l'année 2014, ou le problème s'est-il déjà posé les années précédentes ?
Il y a des recrudescences de maladies qui se sont développées en Syrie, en raison de la situation sanitaire déficiente découlant de la guerre. Cela paraît évident que ces problèmes de santé se soient déplacé dans les pays voisins. Cela peut être pris en compte là où des camps de réfugiés sont installés avec des structures internationales, par exemple pour essayer de prendre des mesures de vaccination systématique d'enfants. Mais au Liban, comme il n'y a pas ces structures d'accueil, comme ces camps n'ont pas été mis en place, aujourd'hui, le problème de santé se pose. Au début de la crise en Syrie, les infrastructures sanitaires syriennes fonctionnaient encore. Mais avec la dégradation de la situation dans le pays, elles marchent de moins en moins bien. Donc la question sanitaire se pose en Syrie et, à partir de là, s'exporte, si je puis dire, dans les pays voisins. Et ce d'autant plus au Liban que les structures n'existant pas, il n'y a pas de mesures prises par les organisations internationales pour mettre en place tout de suite, rapidement, des campagnes de vaccination des enfants, pour reprendre notre exemple.
Se rajoute à ce contexte que là, à la période estivale, il fait très chaud. Il y a des problèmes d'électricité très importants au Liban. De nombreux réfugiés vont vivre dans des conditions de plus en plus précaires, sans électricité, sans eau. Dans des conditions sanitaires aussi dégradées, des épidémies ou des maladies peuvent apparaître. C'est vraiment un souci très important pour les autorités libanaises aujourd'hui, parce que cela va aussi, forcément, atteindre la population libanaise.
D'abord, il y a un problème confessionnel qui se pose. La structure confessionnelle du Liban est extrêmement fragile entre les chrétiens, les sunnites, les chiites, les druzes... S'il y a un afflux massif, par exemple, de réfugiés qui sont logiquement majoritairement sunnites - la population majoritaire en Syrie est sunnite - l'équilibre confessionnel va être remis en question. C'est toujours une crainte pour les Libanais quand il y a des afflux de population.
Un deuxième point extrêmement important, c'est que beaucoup d'entrepreneurs libanais, même de toutes petites entreprises, ont licencié leur personnel libanais pour embaucher des Syriens qu'ils paient beaucoup moins cher. Il y a effectivement de graves tensions aujourd'hui, parmi les populations les plus défavorisées, libanaise et syrienne. Elles vont, d'une certaine manière, se bagarrer pour les mêmes postes, en sachant que la main d'œuvre libanaise la plus précaire, la moins qualifiée, va se voir rafler les postes par les Syriens qui, eux, se contenteront de salaires encore moins importants que les Libanais. Là, évidemment, il risque d'y avoir des dissensions et des affrontements, ce n'est pas du tout à exclure (
lire le reportage de notre partenaire Radio Canada).